Retrouver la paix – préserver l’économie et la population des dommages

Karl Krökel. (Photo mad)

Manifestation des corporations d’artisans à Dessau-Rosslau

Discours d’ouverture de Karl Krökel, maître artisan d’arrondissement, maître principal de la corporation des métallurgistes de Dessau-Rosslau

(28 septembre 2022) (Réd.) En Allemagne, la situation économique s’aggrave dramatiquement à la suite des sanctions contre la Russie. C’est pourquoi, notamment en Allemagne de l’Est, la classe moyenne s’élève fortement contre la politique du gouvernement allemand. Ainsi, le 28 août 2022, une manifestation d’associations d’artisans a eu lieu sur la place du marché de Dessau. Nous publions ici le discours d’ouverture de Karl Krökel. Il est maître artisan de l’arrondissement et maître principal de la corporation des métallurgistes de Dessau-Rosslau.

Chers concitoyens, représentants de l’artisanat, de l’industrie et du commerce,

Nous sommes heureux qu’autant de personnes se soient rassemblées aujourd’hui sur la place du marché de Dessau et sommes impressionnés par l’intérêt que vous portez à la question la plus importante de notre époque: comment pouvons-nous retrouver la paix et préserver notre économie et notre population d’énormes dommages?

Nous sommes à l’écoute 24 heures sur 24, nous sommes entraînés dans une campagne où l’on tente de nous enseigner que tout ce qui a été fait depuis 1945 pour sauvegarder la paix n’a été qu’une erreur.

«Nous n’avons pas été assez robustes face à la Russie» – voilà la leçon que l’on veut nous inculquer. Nous lisons dans les journaux que la guerre en Ukraine ne doit pas être perdue. Nous ne pouvons également pas faire autrement que de donner raison au pape quand il dit: «La guerre en Ukraine a de nombreuses raisons». Et, la guerre n’aurait pas été nécessaire jusqu’au dernier jour. Nous devons briser cette spirale de la violence.

«Ne pas se laisser intimider plus longtemps»

Pour cela, il faut des gens qui prennent leurs responsabilités, qui résistent et qui disent non, en assumant leur responsabilité personnelle, même si l’on a alors tout le monde contre soi: notamment la presse et l’opinion publique. On devient alors un «penseur décalé» [«Querdenker»]. Mais c’est là le vrai débat auquel nous sommes confrontés aujourd’hui, plus que jamais. Il faut des gens qui ont leur propre conscience et qui ne se laissent plus intimider.

Nous expliquons aux gouvernants: nous ne vous laisserons plus nous mettre dans le pétrin avec des scénarios toujours plus effrayants – les Russes arrivent, les Chinois arrivent. Que vous veniez et travailliez contre nous est déjà assez grave.

Nous disons à ceux qui nous gouvernent: vous avez le devoir de vous mettre à la table des négociations, de conclure des accords raisonnables et de ne pas déclencher de spirale de sanctions.

Des protestations de toutes parts

C’est pourquoi nous nous sommes adressés au public le 14 juin 2022 avec une lettre des maîtres artisans, suivie le 15 juillet par l’artisanat de Leipzig – puis par l’artisanat de district de Harz-Bode, de Zeulemroda et de Halle-Saalkreis. Les maires de Rügen exigent également l’ouverture du Nord Stream 2. Les protestations viennent également des Monts Métallifères: l’ensemble du conseil municipal de Schneeberg a mis en garde le ministre de l’Economie Robert Habeck contre les troubles sociaux, la Zentralkonsum Berlin [centrale des coopératives de consommation] a demandé le 4 août dernier au chancelier fédéral de réajuster la politique d’embargo envers la Russie.

Les signataires de Dessau-Rosslau et d’autres soutiens essentiels sont ici sur le devant de la scène. Les lettres des maîtres artisans ont connu un énorme succès auprès de tous les secteurs de la population et de l’économie, succès qui ne s’est jamais démenti depuis. Tous ceux qui expriment courageusement leur opinion peuvent en être fiers. Nous tenons à les en remercier chaleureusement!

«Cela crée une grande cohésion sociale»

La plupart des interventions expriment le fait que l’action de notre gouvernement est une aberration pour notre population et l’économie. Les interventions nous montrent que nous devons poursuivre la résistance sur le thème des sanctions et de l’Ukraine avec encore plus de détermination afin d’obtenir des effets.

Nous sommes ici,

  • parce que nous craignons un dommage massif pour notre économie, accompagné d’un chômage de masse comme on n’en a plus connu depuis 1945;
  • parce qu’il est prévisible que les citoyens ne pourront plus payer leurs factures de gaz et d’électricité;
  • parce que nous refusons la guerre comme moyen politique;
  • parce que nous devons donner une voix à la vérité;
  • parce que nous ne voulons pas être muselés;
  • parce que nous rejetons fermement l’accusation selon laquelle nous diffusons des récits qui correspondent à la propagande russe;
  • parce que dans les médias, l’espace de discussion se rétrécit de plus en plus, l’inconciliabilité des arguments, l’incompréhension consciente, les insinuations augmentent.

La «crise énergétique auto-infligée» est une «expropriation des citoyens»

Le mécontentement de la population ne cesse de croître. Ce gouvernement a détruit l’approvisionnement énergétique de la population et de l’économie. Nous sommes désormais confrontés à la crise énergétique auto-provoquée, aux conséquences de la guerre en Ukraine et de l’inflation. Tout cela constitue une dépossession des citoyens. Nous sommes délibérément entraînés dans une crise énergétique.

Aucune étude d’impact n’a été réalisée sur les conséquences de l’arrêt unilatéral de toutes les livraisons d’énergie en provenance de la Russie. Les citoyens et l’économie sont ainsi délibérément lésés.

Le gouvernement fédéral n’est aucunement tenu d’appliquer des sanctions contre d’autres Etats qui nuisent davantage à sa propre population. Les intérêts de l’étranger sont ainsi considérés comme supérieurs à ceux de son propre peuple.

Les exhortations d’Henry Kissinger ou de Klaus von Dohnanyi à rechercher un équilibre des intérêts avec la Russie ne se reflètent pas de manière proéminente dans le discours des médias, pas plus que l’opinion majoritaire de la population.

(Capture d'écran d'un film de la manifestation, rt)

«La démocratie a besoin de conflit et non d’uniformisation»

Même dans les talk-shows de cette république, cette opinion se reflète rarement. La plupart du temps, il n’y a qu’un seul déviant de l’audimat, sur lequel le reste du groupe peut ensuite s’acharner avec délectation. La démocratie a besoin de conflit et non d’uniformisation. Mais la démocratie a aussi besoin d’une base commune et d’un minimum d’équilibre et de respect.

Si nous, les artisans – qui argumentons avec bon sens –, nous nous demandons si les livraisons d’armes à l’Ukraine ne sont pas plutôt un accélérateur du conflit, nous sommes alors accusés de suivre le récit russe, ou nous sommes diffamés en tant qu’«amis de Poutine». Une discussion rationnelle et stratégique est ainsi rendue impossible.

Il est concevable que la Russie considère les pays occidentaux fournisseurs d’armes comme des belligérants et que nous finissions par entrer en guerre avec elle. Le fait que cette guerre puisse dégénérer en une escalade nucléaire est pour le moins une crainte à prendre au sérieux, qui ne peut pas être balayée d’un revers de main en disant qu’il ne faut pas se comporter comme le lapin devant le serpent par crainte ou par peur.

Le débat sur les causes de cette guerre et les manquements occidentaux peut difficilement être mené sereinement dans ce pays. Le simple fait de poser la question est déjà considéré par beaucoup comme faisant le jeu de Moscou.

C’est pourquoi nous disons très clairement que ceux qui font d’une défaite complète de la Russie ou d’un retrait au-delà des frontières du 24 février 2022 un objectif ou une condition préalable à une solution de paix n’aident pas l’Ukraine, mais finissent par entrer en guerre avec la Russie. Il faut faire preuve de créativité et de volonté pour faire passer la politique avant les prétendues solutions sur le champ de bataille, car il n’y a pas qu’une seule bonne ou mauvaise solution.

Mais nous en sommes très éloignés avec notre gouvernement vert-jaune-rouge – avançant dans le sillage des Etats-Unis – et c’est également pour cette raison que nous sommes ici aujourd’hui, pour changer cela et pour sortir de l’impasse.

Nous devons maintenant exiger une politique qui s’oriente sur les véritables besoins et qui approvisionne ce pays en énergie, une énergie qui soit abordable et qui ne mette pas en danger la concurrence.

Un «désastre de la politique énergétique»

Il faut reprocher à ce gouvernement fédéral, avec grande rigueur, d’avoir déclaré encore en mars dernier de manière péremptoire, qu’il n’y avait pas de problème, que nous étions prêts à tout. Quoi que tente M. Poutine, l’approvisionnement est assuré!

Ce n’est visiblement pas le cas. Les gens ont peur en Allemagne – ce n’est pas normal! Le gouvernement fédéral a préparé les citoyens à une «situation de pénurie» et a commencé dès décembre à «réfléchir à ces questions». C’est pourquoi, selon leurs propres dires, ils sont «très, très avancés dans les mesures de préparation». Il s’agit du rationnement du gaz, du plan d’urgence, des fermetures, des soutiens financiers pour les entreprises, bien que tout cela ne soit pas nécessaire sans sanctions et avec Nord Stream 2. Ce que nous vivons est un désastre en matière de politique énergétique!

Les politiques nous promettent de sauver l’Ukraine et l’économie – alors que nous n’aurions jamais dû en arriver là et que nous devons être sauvés maintenant.

Les promesses ne pourront pas être tenues parce que le gouvernement fédéral a rejeté les demandes de l’économie pour plus d’allègement. Il est certes important que les entreprises puissent survivre, mais l’Etat ne peut pas les soulager de toutes les charges. Cela enlèverait aux entreprises la pression de se positionner de manière innovante. Mais il ne s’agit pas ici de savoir si nous sommes plus innovants ou non, il s’agit de notre survie, de notre survie à tous.

Le gouvernement est responsable de ce désastre énergétique. Le gouvernement allemand a été élu pour représenter le peuple. En aucun cas le peuple n’est à blâmer. Cet enchevêtrement opaque de menaces, de sanctions et de livraisons d’armes a désormais pour conséquence que l’Allemagne est la cible de la politique russe – avec toutes les très sérieuses conséquences que la population et l’économie vont devoir supporter.

Respecter nos préoccupations, notre cadre de vie

Nous attendons des hommes politiques qu’ils respectent nos graves inquiétudes, qu’ils respectent notre cadre de vie, qu’ils n’aggravent pas constamment la situation à notre détriment par de nouvelles sanctions. Nous voulons un Etat auquel l’artisanat peut faire confiance. Cette confiance des citoyens est le fondement de notre démocratie et, actuellement, nous perdons ce fondement chaque jour un peu plus. Le risque existe que, pour des raisons idéologiques et de soumission, toute notre économie soit conduite dans le mur.

Les sociétés de logement tirent la sonnette d’alarme

Les gens ont besoin d’un toit, de frais de chauffage et d’électricité abordables et d’un coût de vie accessible. Comment peut-on permettre que les personnes âgées soient préparées à avoir froid en hiver, que ce soit dans des maisons de repos ou chez elles? Les sociétés de logement de Saxe-Anhalt tirent la sonnette d’alarme; rien qu’en ce qui concerne les dépenses supplémentaires pour l’énergie domestique dans le domaine du logement, on s’attend à ce qu’un ménage de trois personnes paie plus de 4 600 euros supplémentaires en 2022; en cas de pénurie de gaz et de déclaration du niveau 3, l’ampleur de la situation est imprévisible. Pour environ 320 000 logements, le solde des dépenses supplémentaires dans l’ensemble des coopératives immobilières communales pour l’énergie domestique peut s’élever à 1,25 milliard d’euros.

Cela représente une menace, il en va de notre vie d’artisans indépendants, de la vie de nos concitoyens. Ce dilemme gazier est de la seule responsabilité du gouvernement.

La situation en matière d’approvisionnement en sources d’énergie ne cesse de s’aggraver: à peine Bruxelles a-t-elle décidé d’une économie de 15% sur le gaz qu’il est déjà clair que cela ne suffira pas à garantir l’approvisionnement en hiver. Le gouvernement fédéral exige déjà une réduction de 20%. En outre, à partir du 1er octobre de cette année, une taxe sur le gaz sera prélevée auprès des consommateurs.

Beaucoup ne pourront pas y faire face financièrement

Nous savons tous ce que cela signifie: non seulement le gaz se raréfiera, voire devra être rationné, mais il deviendra en outre beaucoup plus cher. Par conséquent, les prix de l’électricité vont également augmenter. De nombreux citoyens et entreprises ne pourront pas y faire face financièrement. Des entreprises renommées quittent déjà l’Allemagne parce que les coûts de l’énergie sont trop élevés pour qu’elles puissent continuer à produire de manière rentable. L’exemple le plus récent est celui de l’entreprise traditionnelle Villeroy&Boch, qui délocalise sa production de céramique en Turquie. Trigema, l’un des rares fabricants de vêtements à produire encore en Allemagne, réfléchit également à des mesures drastiques pour réduire ses coûts de production accrus. Nous sommes en train de vivre de près le désastre de l’usine Stickstoffwerk Piesteritz, située à notre porte. Le 30 septembre dernier, notre boulanger Schicke fermera ses portes – après presque 75 ans. Et ce ne sont là que les exemples les plus marquants.

Pour nous, petites entreprises artisanales, les possibilités de délocalisation à l’étranger sont toutefois très limitées.

... pour des raisons idéologiques

Pourtant, le gazoduc Nord Stream 2 est déjà en place dans la mer Baltique. Pour des raisons idéologiques, il n’est pas en service, bien que de plus en plus d’entreprises artisanales et leurs associations, ainsi que les villes et leurs services municipaux, demandent au gouvernement de mettre en service Nord Stream 2. Ils ne savent pas comment leurs entreprises pourraient survivre sans le gaz que ce gazoduc pourrait fournir.

Berlin semble être conscient des dangers qui menacent l’Allemagne en tant que site économique, mais au lieu d’autoriser l’utilisation du gazoduc, elle a décidé d’imposer une taxe sur le gaz. Ce prélèvement permet aux grands groupes énergétiques de répercuter les coûts supplémentaires de l’approvisionnement en gaz sur les citoyens et les entrepreneurs. Toutefois, le ministère de l’Economie ne semble pas se demander comment ces derniers pourront faire face à ces charges supplémentaires. De nombreuses personnes vivent déjà au jour le jour. Pour de nombreuses entreprises, les capitaux sont devenus minces.

Veut-on couper le gaz en cas d’insolvabilité? Veut-on couper le gaz à des milliers de foyers et d’entreprises lorsqu’ils crouleront sous le poids des frais, veut-on envoyer des avis de recouvrement à des millions de personnes? A-t-on pensé au surcroît de travail pour les administrations et la justice lorsque les factures ne seront pas payées et que les autorisations de prélèvement seront annulées, lorsque les créances seront annulées et devront être passées en pertes et profits? Comment les clients insolvables pourront-ils sauver les fournisseurs de l’insolvabilité? Et qui réparera les dommages consécutifs à d’éventuelles coupures de gaz et d’électricité, alors qu’une grande partie des entreprises artisanales auront été poussées à la faillite?

N’a-t-on pas pensé à tout cela, ou cela n’a-t-il plus d’importance dans la lutte acharnée que l’on croit devoir mener sur notre dos contre l’autocratie russe? A quoi servent les libertés démocratiques si les bases de la vie ont disparu? N’est-ce pas cela qui rend vulnérable au populisme?

Les politiques ont juré de ne pas nuire au peuple allemand

Il est de plus en plus difficile de reconnaître, voire de faire comprendre, les objectifs poursuivis par notre gouvernement. Il a été élu par le peuple pour garantir le bon fonctionnement de la société. Il a prêté serment, ce qui l'oblige à éviter tout dommage au peuple allemand, à se consacrer à son bien-être et à accroître son profit.

Son devoir est donc de protéger les intérêts du peuple allemand. Ce n’est pas le devoir du peuple de servir les désirs idéalistes des membres du gouvernement. C’est au gouvernement d’être là pour le peuple, et non l’inverse.

Il est de plus en plus clair que les sanctions censées détruire la Russie détruisent davantage nos moyens de subsistance.

Alors, que veut faire le gouvernement? Réduire son propre peuple à la pauvreté? Renvoyer sa propre économie des décennies en arrière? Sacrifier sa compétitivité sur l’autel des idéologies?

L’économie allemande a fait prospérer le pays

L’économie allemande a créé le niveau de vie élevé de notre société grâce à son assiduité et à son intelligence: après des décennies de travail, nos ancêtres ont reconstruit ce pays à partir de ses ruines et l’ont fait prospérer comme jamais auparavant. L’œuvre de générations d’ouvriers et d’entrepreneurs allemands ne doit pas être détruite par une politique illusionniste dont on ne discerne plus l'objectif.

Nos maîtres artisans expliquent dans leurs déclarations comment les sanctions se répercutent sur l’artisanat et donc sur la population. Il est question de pénuries, de hausses de prix, de coûts incalculables, de paralysie des chantiers à une échelle sans précédent. Les inquiétudes se lisent littéralement sur nos visages.

Ce qui caractérise un artisan honorable, l’honnêteté, la fiabilité, le savoir-faire, nous l’attendons en fait d’un politicien!

Chers citoyens, chères citoyennes! J’en arrive à la conclusion!

Je suis convaincu que des manifestations comme celle-ci, à Dessau-Rosslau, auront encore lieu partout en Allemagne, et c’est tant mieux! Nous ne pouvons tout simplement plus nous permettre le luxe de ne rien faire, car les fondements de la vie de générations entières sont en danger! Veillons ensemble à ce que cette force qui se développe actuellement ne soit pas un feu de paille. Nous devons rester vigilants et défendre nos objectifs. L’un des mots clés reste le dialogue.

Nous avons le devoir de maintenir la qualité de vie dans notre pays. C’est tout cela qui nous unit ici aujourd’hui, et non pas cette haine et cette agitation constantes sur la scène européenne. L’union fait la force de l’artisanat! Nous sommes plus nombreux!

Je vous remercie de votre attention!

Dessau-Rosslau, le 28 septembre 2022

Karl Krökel, maître artisan d’arrondissement, maître principal de la corporation des métallurgistes, Dessau-Rosslau

Klaus-Lothar Bebber, maître principal de la corporation des garagistes, Dessau-Rosslau

Andreas Seliger, maître principal de la corporation SHK, Dessau-Rosslau

Renè Schönau, maître principal de la corporation des peintres et des vernisseurs, Dessau-Rosslau

Heersh Majeed Kakabra, maître principal de la corporation des coiffeurs, Dessau-Rosslau

Erik Schulz, maître principal de la corporation des couvreurs, Dessau-Rosslau

(Traduction «Point de vue Suisse»)

Retour