Des élites sans scrupules précipitent l'Europe et la Russie dans la guerre
par Wolfgang Effenberger*
(18 juin 2021) Une «élite» sans conscience composée de stratèges de l'OTAN et d'oligarques financiers et économiques mondiaux est en train de précipiter l'Europe et la Russie dans la guerre. Depuis l'effondrement de l'Union soviétique, l'OTAN s'est étendue de plus en plus en direction de la Russie, en violation des accords conclus. Le point culminant de cette expansion a été le coup d'Etat de 2014 en Ukraine, qui a manifestement été manigancé par les Etats-Unis à hauteur de cinq milliards de dollars.
Les habitants de la Crimée, majoritairement russophones, se sont opposés par référendum au projet du nouveau gouvernement ukrainien pro-occidental d'introduire l'Ukrainien comme langue officielle et ont voté à la majorité pour rejoindre la Fédération de Russie. Cela a empêché l'installation d'une base navale de l'OTAN en Crimée.
Début janvier 2017, une brigade blindée américaine entière a débarqué à Bremerhaven pour être déployée sur le flanc oriental de l'OTAN en Pologne et en Lituanie. A l'époque, ni les médias ni le mouvement pacifiste n'ont pris acte de ce déploiement, le plus grand depuis la fin de la guerre froide. Depuis lors, l'ampleur et la densité des manœuvres de l'OTAN dans la région n'ont cessé d'augmenter. Depuis 2020, une division blindée entière est déchargée à Bremerhaven et déplacée par voie terrestre vers la Pologne ou les Etats baltes.
Préparatifs de guerre de grande envergure
En mars 2021, les manœuvres à grande échelle «Defender Europe 21» ont commencé; elles dureront jusqu'en juin avec de nombreuses manœuvres distinctes. Le principal objectif de l'exercice est le transfert rapide de soldats et de matériel des Etats-Unis par bateau vers l'Europe, puis par voie terrestre vers la Russie. En 2017, l'UE a créé l'organisation de la «Coopération structurée permanente» (en anglais Permanent Structured Cooperation, PESCO) afin que les déplacements par voie terrestre puissent également être effectués sans heurts par des véhicules lourds à chenilles. Son objectif est de veiller à ce que les infrastructures permettant d'améliorer la mobilité militaire en Europe soient optimisées.
Selon les médias, la Turquie, en tant que pays membre de l'OTAN, souhaite s'impliquer dans la politique de sécurité et de défense de l'UE. A la mi-mai, Ankara aurait demandé au ministère néerlandais de la Défense de participer à un projet de plusieurs milliards d'euros visant à améliorer la mobilité militaire dans le cadre d'une «coopération structurée permanente». Les Pays-Bas coordonnent le projet, qui vise à améliorer le transport de troupes et de matériel en Europe.1 Dans le même temps, trois anciennes républiques soviétiques ont uni leurs forces à Kiev dans le but de rejoindre l'UE.
Le 17 mai 2021, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a tweeté avec satisfaction: «L'Ukraine, la Géorgie et la Moldavie sont désormais officiellement un trio associé. Aujourd'hui, nous nous rejoignons sur la voie de l'intégration européenne dans ce nouveau format créé à Kiev.»2 Les trois Etats ont accès à la mer Noire, et il se trouve que la mer Noire est au centre des manœuvres exécutées par l'OTAN cette année.
Le lieutenant-général américain Ben Hodges, ex-commandant de l'US-Army Europe (de 2014 à 2017), a écrit dans un document stratégique de 2020 que la Russie était trop forte en mer Noire pour que l'OTAN puisse «en prendre le contrôle».3 Cependant, la coalition transatlantique pourrait «rendre vulnérable» la flotte russe déployée dans la mer Noire. L'année dernière, l'exercice militaire s'était concentré sur la région de la mer Baltique, qui revêt une importance géostratégique croissante en raison des tensions toujours plus fortes entre l'Occident et la Russie.4 Les manœuvres ont encore accru les tensions. La région de la mer Noire est-elle sur le point de connaître une situation similaire?
En mai 2021, quelque 30 000 soldats de 21 Etats de l'OTAN et de cinq pays proches de l'Alliance – Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Moldova, Ukraine et Géorgie – ont été déployés en mer Noire, où un grand nombre d'exercices de combat ont été organisés. Pendant les manœuvres «Noble Jump» en Bulgarie (19 mai–2 juin 2021) et «Maritime Live Exercise» dans l'Atlantique (20–28 mai), l'exercice «Command Post Exercise» (12–20 mai) a été réalisé en Allemagne.
Le 20 mai 2021, le journal de l'armée américaine «Stars and Stripes» a fait état de manœuvres d'artillerie à longue portée à Grafenwoehr; 1800 soldats de 15 pays participent à l'exercice «Dynamic Front», qui se déroule jusqu'au 24 mai. Le général de brigade américain Christopher Norrie, qui commande le 7th Army Training Command, a expliqué que l'objectif de l'exercice était de «veiller à ce que, en cas de conflit, les artilleurs de son armée en Allemagne puissent coordonner des missions de tir avec n'importe quel nombre de forces terrestres alliées partout en Europe».5 Contrairement aux guerres en Irak et en Afghanistan, un conflit avec la Russie en Europe signifierait avoir affaire à un adversaire capable de lancer des frappes de précision, même à longue portée. Les Etats-Unis et leurs alliés vont maintenant se concentrer sur l'amélioration de leur capacité à déployer rapidement un grand nombre de troupes et d'équipements en cas de crise, a-t-il déclaré. M. Norrie a souligné le rôle de l'armée américaine et le fait que les exercices d'artillerie à longue portée doivent s'accompagner d'un effort plus large pour améliorer les capacités requises. Ces demandes et les mesures PESCO (infrastructures) soulignent le caractère offensif des exercices stratégiques.
Pour la Russie, toute cette activité des Etats-Unis et de l'OTAN doit sembler effrayante.
Selon le général Norrie, le «Defender 21» a été développé en raison de la crainte d'une hausse de l’agressivité de la Russie. Le général semble avoir ignoré le fait que six mois seulement après le coup d'Etat fomenté par les Etats-Unis en février 2014 en violation du droit international, le Commandement de l'entraînement et de la doctrine de l'armée américaine – l'un des trois commandements majeurs au niveau de l'armée – a présenté le 31 octobre 2014 le document stratégique «TRADOC 525-3-1 Win in a complex world 2020-2040».6 Il a vu le jour sous Barack Obama et Hillary Clinton et promeut le «spectre complet de domination» des Etats-Unis sur terre, en mer et dans les airs. Les adversaires les plus importants: les puissances concurrentes que sont la Chine et la Russie.7
Les banques et les ONG en tant qu'auxiliaires volontaires
Les Fondations Open Society8 du méga-spéculateur et milliardaire9 George Soros, un réseau de fondations actives dans 42 pays, ont joué un rôle déterminant dans les révolutions de couleur de ces 30 dernières années. Dès 1984, il a encouragé la dissidence derrière le rideau de fer. Cela semble certainement courageux. Mais est-ce bien le cas? Le 2 septembre 1982, le président américain Ronald Reagan a signé la «National Security Decision Directive 54» (NSDD-54). Avec cette directive, Reagan cherchait à déstabiliser le bloc soviétique, à ébranler le Pacte de Varsovie et à affaiblir l'emprise de Moscou sur l'Europe de l'Est:
Les gouvernements alliés à l'Union soviétique qui prenaient du recul par rapport au socialisme, adoptaient des réformes libérales ou faisaient preuve d'indépendance vis-à-vis de Moscou bénéficieraient, promettait Reagan, du soutien américain. «Parmi les mesures incitatives énumérées dans la NSDD-54 figuraient l'octroi du statut de ‹nation la plus favorisée›, l'accès aux capitaux et aux crédits américains, l'adhésion au Fonds monétaire international (FMI), les échanges culturels et scientifiques et les visites de haut niveau.»10
Il est probable que les opérations de Soros ont été concertées en collusion avec le département d'Etat américain et la CIA. Le fait qu'il ait soutenu le coup d'Etat de 2014 en Ukraine est désormais établi.11
En 1984, George Soros avait créé en Hongrie une fondation qui deviendra plus tard le réseau «Open Society Foundations». Il a principalement soutenu les groupes d'étudiants en distribuant des outils de communication gratuits (d'abord des photocopieurs, puis des ordinateurs portables et des téléphones portables) «afin de briser la mainmise du parti communiste sur l'information»12 – et, bien sûr, pour diffuser de la propagande antirusse. Cela a servi à préparer les «changements de régime» en Ukraine et en Géorgie. En Moldavie, la Fondation Soros Moldava a été créée en 1992. Entretemps, des activités de «changements de régime» sont mis en place avec succès au Belarus et en Russie.
La méthode de la «société ouverte» est toujours la même: les structures étatiques sont minées au moyen de «protestations» jusqu'à ce que le pouvoir étatique doive réagir, ce qui peut alors être dénoncé publiquement comme dictatorial. Dans le chaos qui en résulte, on peut alors établir ses propres structures (mafieuses) sans entrave. Bien entendu, Soros est également actif dans les sociétés occidentales en tant que faiseurs d'opinion. Il finance par exemple l'organisation de campagne Campact13 (y compris Open Petition) et l'«organe de censure» Correctiv.14
Avec le FMI et d'autres ONG, la Banque des règlements internationaux (BRI) contribue à apporter les guerres et l'appauvrissement au monde par la dette et le pillage. Cette banque centrale internationale est une institution qui met en œuvre un programme féodal centenaire de l'élite financière dominante. Les guerres de cette mafia sont menées par les Etats dépendants de la dette en Europe et ailleurs qu’on incite à la haine. Lorsque l’incitation ne porte pas ses fruits, le terrain est préparé pour la guerre avec de la terreur importée. Voir la Libye, la Syrie, l'Ukraine, etc.
Pendant la présidence de Donald Trump, aucune nouvelle guerre n'a été déclenchée et certains points chauds ont été contenus. Actuellement, sous la direction de Joe Biden, les provocations reprennent de plus belle (Ukraine, Moyen-Orient). Combien de temps encore Vladimir Poutine pourra-t-il résister à la pression et faire patienter ses chefs militaires?
Existe-t-il encore une force contraire digne d'être mentionnée, ou l'élite financière mondiale et ses médias ont-ils depuis longtemps pris le contrôle du monde?
Les médias dits de qualité, dans lesquels on pouvait encore lire des commentaires et des opinions controversés jusque dans les années 1990, ont maintenant été complètement mis au pas. «Die Zeit» a surpassé le «Spiegel» en matière de dénigrement de la Russie en publiant fin avril 2021 le commentaire antirusse intitulé «Le silence retentissant de l'Allemagne» du journaliste germano-britannique Alan Posener.
Il y recommande à la «gauche culturelle» de se libérer de son complexe de culpabilité vis-à-vis de la Russie. Elle doit, précise-t-il, «se débarrasser de l'idée que la paix avec la Russie à presque n'importe quel prix est un devoir moral en raison de l'invasion allemande de l'Union soviétique en 1941. Parmi les principales victimes de la guerre d'extermination allemande à l'Est figuraient, outre les Polonais et les Baltes, surtout les Ukrainiens, déjà maltraités par Staline. Il devrait donc faire partie de la raison d'Etat de l'Allemagne de promouvoir la démocratie dans ce nouvel Etat comme elle l'a fait en Pologne et dans les Etats baltes, de lui donner la sécurité en l’accueillant au sein de l'OTAN et de lui montrer la voie vers l'adhésion à l'Union européenne. Le silence retentissant de l’Allemagne sur cette question étouffe presque la bruyante propagande russe.»15 Cette argumentation devrait servir de modèle aux Verts et à la gauche pour faciliter la guerre prévue contre la Russie.
Dans la perspective du 80e anniversaire de l'invasion de l'Union soviétique par la Wehrmacht du régime national-socialiste le 22 juin, nous devons d’autant plus contrer les bellicistes.
«Une nouvelle guerre en Europe? Pas en notre nom!»
Cinq semaines seulement après la présentation du pamphlet TRADOC, fin octobre 2014, Roman Herzog, Gerhard Schröder et plus de 60 autres personnalités de la politique, de l'économie, de la culture et des médias ont lancé un avertissement dans l'appel contre la guerre intitulé «Une nouvelle guerre en Europe? Pas en notre nom!» et ont appelé au dialogue avec la Russie.16
Ils ont demandé une nouvelle politique de détente pour l'Europe. Leur appel était adressé au gouvernement allemand, aux membres du Bundestag et aux médias:
«Nous soussignés appelons le gouvernement fédéral à assumer sa responsabilité au regard du maintien de la paix en Europe. Nous avons besoin d'une nouvelle politique de détente pour l'Europe. Cet objectif ne peut être atteint que sur la base d'une sécurité égale pour tous et avec des partenaires égaux et mutuellement respectés. Le gouvernement allemand n'emprunte pas une voie spéciale lorsqu'il continue à appeler au calme et au dialogue avec la Russie dans cette situation tendue. Le besoin de sécurité des Russes est aussi légitime et prononcé que celui des Allemands, des Polonais, des Baltes et des Ukrainiens.
Nous ne devons pas pousser la Russie hors de l'Europe. Ce serait contraire à l'histoire, déraisonnable et dangereux pour la paix. Depuis le Congrès de Vienne de 1814, la Russie est l'une des puissances qui a contribué à façonner l’Europe. Tous les pays qui ont essayé de changer cela par la force ont échoué de manière sanglante – le plus récent étant l'Allemagne mégalomane d'Hitler, qui a également entrepris de subjuguer la Russie, de manière meurtrière, en 1941.
Nous appelons les membres du Bundestag allemand, en tant que politiciens choisis par le peuple, à rendre justice à la gravité de la situation et à être attentifs au devoir du gouvernement fédéral en matière de maintien de la paix. Ceux qui se contentent de construire des images hostiles et d'utiliser des accusations unilatérales exacerbent les tensions à un moment où les signaux devraient pointer vers la détente. L'inclusion, et non pas l'exclusion, doit être le principe directeur des politiciens allemands.
Nous appelons les médias à remplir leur devoir d'information impartiale de manière plus convaincante qu'auparavant. Les éditorialistes et les commentateurs diabolisent des peuples entiers sans apprécier suffisamment leur histoire. Tout journaliste versé dans la politique étrangère comprendra la crainte des Russes depuis que les membres de l'OTAN ont invité la Géorgie et l'Ukraine à devenir membres de l'alliance en 2008. Il ne s'agit pas de Poutine. Les leaders vont et viennent. Il s'agit de l'Europe. Il s'agit d’enlever la peur de la guerre de l'esprit des gens. Des rapports responsables fondés sur des recherches solides peuvent y contribuer grandement.
Le 3 octobre 1990, jour de l'unité allemande, le président fédéral Richard von Weizsäcker a déclaré: ‹La guerre froide est terminée. La liberté et la démocratie ont rapidement prévalu dans tous les Etats. [...] Ils peuvent maintenant consolider leurs relations et les sécuriser institutionnellement de telle sorte que, pour la première fois, elles puissent devenir un ordre commun de vie et de paix. Pour les peuples d'Europe, cela marque le début d'un chapitre fondamentalement nouveau de leur histoire. Son objectif est l'unification paneuropéenne. C'est un objectif énorme. Nous pouvons y parvenir, mais nous pouvons aussi ne pas y parvenir. Nous sommes confrontés à une alternative claire: unir l'Europe ou, selon des exemples historiques douloureux, retomber dans les antagonismes nationalistes.›
Jusqu'au conflit en Ukraine, nous pensions être sur la bonne voie en Europe. L'admonition de Richard von Weizsäcker est plus pertinente que jamais aujourd'hui, un quart de siècle plus tard.»
Il serait difficile de trouver aujourd'hui 60 personnalités de renom pour un tel appel à la responsabilité. Ils seraient probablement mis au pilori dans les médias en tant que russophiles ou «Putinversteher» (=personne comprenant Poutine). Etrangement, même la compréhension de la position d’autrui est proscrite, alors que dans notre «société du discours» occidentale, nous sommes si fiers du dialogue et de la compréhension mutuelle.
L'exclusion d'experts scientifiques de renom du débat public sur la covid-19 montre déjà qu'un véritable discours social est à l’heure actuelle devenu quasi impossible.
(Rédigé le 23 mai 2021)
(Traduction «Point de vue Suisse»)
* Wolfgang Effenberger, né en 1946, est journaliste et auteur de nombreux livres. Il publie en allemand. Voici trois de ses derniers ouvrages: «Wiederkehr der Hasardeure, Schattenstrategen, Kriegstreiber, stille Profiteure 1914 und heute», 2014; «Geo-Imperialismus. Die Zerstörung der Welt», 2016. Tout dernièrement est paru «Schwarzbuch EU & NATO», 2021 (https://zeitgeist-online.de/2013-11-30-00-57-32/1097-wolfgang-effenberger-schwarzbuch-eu-nato.html). |
1 La Turquie va rejoindre la politique de défense de l'UE du 16 mai 2021 sur https://www.faz.net/aktuell/politik/ausland/tuerkei-will-sich-an-eu-verteidigungspolitik-beteiligen-17343535.html?utm_source=pocket-newtab-global-de-DE
3 L'OTAN doit se concentrer davantage sur la mer Noire pour se défendre contre la Russie, selon un rapport, 26 mai 2020.
https://www.stripes.com/news/europe/nato-needs-to-focus-more-on-the-black-sea-to-defend-against-russia-report-says-1.631211
4 Peter Ozechowski: «Die Konfliktzonen im Schwarzen Meer», Kopp exklusiv 20/21, p. 6.
5 John Vandiver: Stars and Stripes. 20 mai 2021: «Fifteen countries, 1,800 troops demonstrate NATO’s reach in US-led fires exercise in Germany» https://www.stripes.com/fifteen-countries-1-800-troops-demonstrate-nato-s-reach-in-us-led-fires-exercise-in-germany-1.674002?
6 ARMY TRAINING AND DOCTRINE COMMAND FORT EUSTIS VA sur http://oai.dtic.mil/oai/oai?verb=getRecord&metadataPrefix=html&identifier=ADA611359
7 Wolfgang Effenberger: Der «Militärisch-Industrielle Komplex» (MIC) ou les «marchands de mort» sur http://www.nrhz.de/flyer/beitrag.php?id=23092
8 Budget annuel des Fondations Open Society: 940 millions de dollars.
9 Selon le magazine américain Forbes, Soros possède environ 25 milliards de dollars américains.
10 https://alphahistory.com/coldwar/reagan-policy-soviet-bloc-nations-1982/
11 https://www.mdr.de/nachrichten/welt/osteuropa/politik/ukraine-soros-kampagne-100.html
12 https://www.opensocietyfoundations.org/who-we-are/our-history
16 «Une nouvelle guerre en Europe? Pas en notre nom!» https://www.zeit.de/politik/2014-12/aufruf-russland-dialog?utm_referrer=https%3A%2F%2Fwww.google.com%2F