Pourquoi les Etats-Unis ne veulent-ils pas aider à négocier une fin pacifique à la guerre en Ukraine?

Pour l’amour du ciel, négociez!

par Jeffrey D. Sachs,* Etats-Unis

(28 juin 2024) Pour la cinquième fois depuis 2008, la Russie a proposé de négocier avec les Etats-Unis des accords de sécurité, cette fois lors des propositions faites par le président Vladimir Poutine1 le 14 juin 2024. Les quatre fois précédentes, les Etats-Unis ont rejeté l’offre de négociation en faveur d’une stratégie néoconservatrice visant à affaiblir ou à démembrer la Russie par la guerre et des opérations secrètes. Les tactiques néoconservatrices américaines ont échoué de manière désastreuse, dévastant l’Ukraine au passage et mettant en danger le monde entier. Après tout ce bellicisme, il est temps pour Joe Biden d’ouvrir des négociations de paix avec la Russie.

Jeffrey D. Sachs
(Photo C. Marino,
2019)

Stratégie américaine d’affaiblissement de la Russie

Depuis la fin de la guerre froide, la grande stratégie des Etats-Unis consiste à affaiblir la Russie. Dès 1992, Richard Cheney, alors secrétaire à la Défense, estimait qu’après la disparition de l’Union soviétique en 1991, la Russie devait elle aussi être démembrée.2 Zbigniew Brzezinski estimait en 19973 que la Russie devait être divisée en trois entités vaguement confédérées en Europe russe, en Sibérie et dans l’Extrême-Orient. En 1999, l’alliance de l’OTAN dirigée par les Etats-Unis a bombardé la Serbie, alliée de la Russie, pendant 78 jours, afin de diviser la Serbie et d’installer une énorme base militaire de l’OTAN dans le Kosovo sécessionniste. Les dirigeants du complexe militaro-industriel américain ont soutenu avec véhémence4 la guerre de Tchétchénie contre la Russie au début des années 2000.

Pour garantir ces avancées américaines contre la Russie, Washington a poussé agressivement à l’élargissement de l’OTAN, malgré les promesses faites à Mikhaïl Gorbatchev5 et Boris Eltsine6 que l’OTAN ne bougerait pas d'un pouce à l’est de l’Allemagne. Les Etats-Unis ont exercé la plus forte pression pour l’élargissement de l’OTAN à l’Ukraine et à la Géorgie, afin d’entourer la flotte russe de Sébastopol (Crimée) de pays membres de l'OTAN: l’Ukraine, la Roumanie (membre de l’OTAN depuis 2004), la Bulgarie (membre de l’OTAN depuis 2004), la Turquie (membre de l’OTAN depuis 1952) et la Géorgie – voilà une idée tout droit sortie du manuel de jeu de l’Empire britannique lors de la guerre de Crimée (1853–1856).

Brzezinski a établi une chronologie de l’élargissement de l’OTAN en 1997,7 y compris l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN entre 2005 et 2010. Les Etats-Unis ont en effet proposé l’adhésion de l’Ukraine et de la Géorgie à l’OTAN lors du sommet de Bucarest en 2008. En 2020, l’OTAN s’était en fait élargie à 14 pays d’Europe centrale, d’Europe de l’Est et de l’ex-Union soviétique (République tchèque, Hongrie et Pologne en 1999; Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Roumanie, Slovaquie et Slovénie en 2004; Albanie et Croatie en 2009; Monténégro en 2017 et Macédoine du Nord en 2020), tout en promettant l’adhésion future de l’Ukraine et de la Géorgie. En bref, le projet américain sur 30 ans, conçu à l’origine par M. Cheney et les néoconservateurs, et poursuivi sans relâche depuis lors, a consisté à affaiblir, voire à démembrer la Russie, à l’entourer des forces de l’OTAN et à la dépeindre comme la puissance belligérante.

C’est dans ce contexte sinistre que les dirigeants russes ont proposé à plusieurs reprises de négocier avec l’Europe et les Etats-Unis des accords de sécurité qui assureraient la sécurité de tous les pays concernés, et pas seulement celle du bloc de l’OTAN. Guidés par le plan de jeu des néoconservateurs, les Etats-Unis ont refusé de négocier à chaque fois, tout en essayant de rejeter la responsabilité de l’absence de négociations sur la Russie.

Si les Accords de Minsk II avaient été pris au sérieux par la France,
l'Allemagne et l'Ukraine, il n'y aurait pas eu de guerre en Ukraine.
(Photo wikipedia/kremlin.ru)

La première proposition de négociation de la Russie

En juin 2008, alors que les Etats-Unis s’apprêtaient à étendre l’OTAN à l’Ukraine et à la Géorgie, le président russe Dmitri Medvedev a proposé un Traité de sécurité européenne,8 appelant à la sécurité collective et à la fin de l’unilatéralisme de l’OTAN. Il était évident que les Etats-Unis n’ont manifesté aucun intérêt pour les propositions de la Russie et ont préféré poursuivre leurs projets d’élargissement de l’OTAN, établis de longue date.

La deuxième proposition de négociation de la Russie

La deuxième proposition de négociation de la Russie a été formulée par M. Poutine à la suite du renversement violent du président ukrainien Viktor Ianoukovitch en février 2014, avec la complicité active, si ce n’est sous la direction du gouvernement américain. Il se trouve que j’ai vu de près la complicité des Etats-Unis, car le gouvernement post-coup d’Etat m’a invité à participer à des discussions économiques urgentes. Lorsque je suis arrivé à Kiev, on m’a emmené sur le Maïdan, où l’on m’a parlé directement du financement américain des manifestations du Maïdan.

Les preuves de la complicité des Etats-Unis dans le coup d’Etat sont accablantes. La secrétaire d’Etat adjointe Victoria Nuland9 a été surprise lors d’un entretien téléphonique10 en janvier 2014 en train de préparer le changement de gouvernement en Ukraine. Pendant ce temps, des sénateurs américains se sont rendus personnellement à Kiev pour attiser les protestations (un peu comme si des politiciens chinois ou russes étaient venus à Washington le 6 janvier 2021 pour soulever les foules). Le 21 février 2014, les Européens, les Etats-Unis et la Russie ont négocié un accord avec Yanukovych,11 qui a accepté la tenue d’élections anticipées. Pourtant, les putschistes sont revenus sur cet accord le jour même, ont pris le contrôle des bâtiments gouvernementaux, ont menacé de recourir à la violence et ont destitué Yanukovych le lendemain. Les Etats-Unis ont soutenu le coup d’Etat et ont immédiatement reconnu le nouveau gouvernement.

A mon avis, il s’agissait là d’une opération secrète classique de changement de régime menée par la CIA, comme il y en a eu plusieurs dizaines dans le monde, dont soixante-quatre épisodes entre 1947 et 1989 méticuleusement documentés par le professeur Lindsey O’Rourke.12 Les opérations secrètes de changement de régime ne sont bien sûr pas vraiment cachées, mais le gouvernement américain nie farouchement son rôle, garde tous les documents strictement confidentiels et laisse systématiquement le monde dans l'ignorance: «Ne croyez pas ce que vous voyez de vos propres yeux! Les Etats-Unis n’ont rien à voir là-dedans.» Les détails des opérations finissent cependant par émerger grâce à des témoins oculaires, des dénonciateurs, la publication forcée de documents en vertu de la loi sur la liberté de l’information, la déclassification de documents après des années ou des décennies, et des mémoires, mais tout cela bien trop tard pour qu’il soit possible de rendre des comptes.

Quoi qu’il en soit, le coup d’Etat violent a incité la région ethnique russe du Donbass, dans l’est de l’Ukraine, à se séparer des putschistes, dont beaucoup étaient des nationalistes russophobes extrémistes et dont certains appartenaient à des groupes violents ayant des liens avec les SS nazis dans le passé. Presque immédiatement, les putschistes ont pris des mesures pour réprimer l’utilisation de la langue russe, même dans le Donbass russophone. Dans les mois et les années qui ont suivi, le gouvernement de Kiev a lancé une campagne militaire pour reprendre les régions séparatistes, en déployant des unités paramilitaires néonazies et des armes américaines.

Au cours de l’année 2014, M. Poutine a appelé à plusieurs reprises à une paix négociée, ce qui a conduit à l’Accord de Minsk II en février 2015, basé sur l’autonomie du Donbass et la fin de la violence de part et d’autre. La Russie n’a pas revendiqué le Donbass comme territoire russe, mais a plutôt appelé à l’autonomie et à la protection des Russes ethniques au sein de l’Ukraine. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a approuvé l’Accord de Minsk II, mais les néoconservateurs américains l’ont subverti en privé. Des années plus tard, la chancelière Angela Merkel a dévoilé la vérité.13 Les Occidentaux ont traité l’accord non pas comme un traité solennel, mais comme une tactique de retardement visant à «donner à l’Ukraine le temps» de renforcer sa puissance militaire. Entre-temps, environ 14 000 personnes sont mortes dans les combats au Donbass entre 2014 et 2021.

Troisième proposition de négociation de la Russie

Après l’échec définitif de l’Accord de Minsk II, M. Poutine a de nouveau proposé des négociations avec les Etats-Unis en décembre 2021. A cette date, les questions dépassent même l’élargissement de l’OTAN pour inclure les questions fondamentales de l’armement nucléaire. Etape par étape, les néoconservateurs américains ont abandonné le contrôle des armes nucléaires avec la Russie, les Etats-Unis ayant unilatéralement abandonné le Traité sur les missiles antibalistiques (ABM) en 2002, placé des missiles Aegis en Pologne et en Roumanie à partir de 2010 et quitté le traité sur les Forces nucléaires intermédiaires (FNI) en 2019.

Compte tenu de ces graves préoccupations, M. Poutine a mis sur la table le 15 décembre 2021 un projet de «Traité entre les Etats-Unis d’Amérique et la Fédération de Russie sur les garanties de sécurité».14 La question cruciale sur la table (article 4 du projet de traité) était la fin de la tentative des Etats-Unis d’élargir l’OTAN à l’Ukraine. Fin 2021, j’ai appelé le conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, Jake Sullivan pour tenter de convaincre la Maison Blanche de M. Biden d’entamer les négociations. Mon principal conseil était d’éviter une guerre en Ukraine en acceptant la neutralité du pays, plutôt que l’adhésion à l’OTAN, qui était une ligne rouge pour la Russie.

La Maison Blanche a catégoriquement rejeté ce conseil, affirmant de manière étonnante (et obtuse) que l’élargissement de l’OTAN à l’Ukraine ne concernait pas la Russie! Mais que diraient les Etats-Unis si un pays de l’hémisphère occidental décidait d’accueillir des bases chinoises ou russes? La Maison Blanche, le Département d’Etat ou le Congrès diraient-ils: «C’est en ordre, cette question ne concerne que la Russie ou la Chine et le pays hôte?» Non. Non. En 1962, le monde a frôlé l’Armageddon nucléaire lorsque l’Union soviétique a placé des missiles nucléaires à Cuba et que les Etats-Unis ont imposé une quarantaine navale et menacé de faire la guerre si les Russes ne retiraient pas les missiles. L’alliance militaire américaine n’a pas sa place en Ukraine, pas plus que l’armée russe ou chinoise n’a sa place près de la frontière américaine.

Le président turc Erdogan s'entretient avec les négociateurs en mars
2022, peu avant les pourparlers de paix entre la Russie et l'Ukraine.
(Photo ITAR-Tass/imago)

La quatrième proposition de négociation de la Russie

La quatrième proposition de négociation de Poutine est intervenue en mars 2022, lorsque la Russie et l’Ukraine ont failli conclure un accord de paix quelques semaines seulement après le début de l’opération militaire spéciale de la Russie, qui a débuté le 24 février 2022. Une fois de plus, la Russie voulait avant tout une chose importante: la neutralité de l’Ukraine, c’est-à-dire pas d’adhésion à l’OTAN et pas d’accueil de missiles américains à la frontière de la Russie.

Le président ukrainien Vladimir Zelensky a rapidement accepté la neutralité de l’Ukraine, et l’Ukraine et la Russie ont échangé des documents, avec l’habile médiation du ministère turc des Affaires étrangères. Puis, soudainement, à la fin du mois de mars, l’Ukraine a abandonné les négociations.

Le Premier ministre britannique Boris Johnson, fidèle à la tradition des bellicistes britanniques antirusses remontant à la guerre de Crimée (1853–1856), s’est rendu à Kiev pour mettre en garde M. Zelensky contre la neutralité et souligner l’importance pour l’Ukraine de vaincre la Russie sur le champ de bataille. Depuis cette date, l’Ukraine a perdu environ 500 000 personnes et se trouve dans l’impasse sur le champ de bataille.

Cinquième proposition de négociation de la Russie

Nous avons maintenant la cinquième offre de négociation de la Russie, expliquée de manière claire et convaincante par M. Poutine lui-même dans son discours aux diplomates au ministère russe des Affaires étrangères le 14 juin.15

«L’Ukraine devrait adopter un statut neutre et non aligné, être dénucléarisée et faire l’objet d’une démilitarisation et d’une dénazification», a déclaré M. Poutine. «Ces paramètres ont été largement approuvés lors des négociations d’Istanbul en 2022, y compris les détails spécifiques de la démilitarisation, tels que le nombre convenu de chars et d’autres équipements militaires. Nous sommes parvenus à un consensus sur tous les points.»

«Il est certain que les droits, les libertés et les intérêts des citoyens russophones d’Ukraine doivent être pleinement protégés», a-t-il poursuivi. «Les nouvelles réalités territoriales, notamment le statut de la Crimée, de Sébastopol, des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, des régions de Kherson et de Zaporozhye en tant que parties de la Fédération de Russie, doivent être reconnues. Ces principes fondamentaux doivent être formalisés par des accords internationaux fondamentaux à l’avenir. Naturellement, cela implique également la levée de toutes les sanctions occidentales à l’encontre de la Russie.»

A propos de la négociation

Permettez-moi de dire quelques mots sur la négociation en général.

Les propositions de la Russie devraient maintenant être confrontées à celles des Etats-Unis et de l'Ukraine à la table des négociations. La Maison Blanche a tout à fait tort d’esquiver les négociations simplement parce qu’elle n’est pas d’accord avec les propositions de la Russie. Elle devrait présenter ses propres propositions et s’atteler à négocier la fin de la guerre.

Pour la Russie, trois questions essentielles se posent: la neutralité de l’Ukraine (pas d’élargissement de l’OTAN), le maintien de la Crimée entre les mains des Russes et la modification des frontières dans l’est et le sud de l’Ukraine. Les deux premiers points ne sont pratiquement pas négociables. La fin de l’élargissement de l’OTAN est le casus belli fondamental. La Crimée est également essentielle pour la Russie, car elle abrite la flotte russe de la mer Noire depuis 1783 et constitue un élément fondamental de la sécurité nationale de la Russie.

La troisième question centrale, celle des frontières de l’est et du sud de l’Ukraine, sera un point clé des négociations. Les Etats-Unis ne peuvent pas prétendre que les frontières sont sacro-saintes après que l’OTAN a bombardé la Serbie en 1999 pour qu’elle renonce au Kosovo, et après que les Etats-Unis ont fait pression sur le Soudan pour qu’il renonce au Sud-Soudan. Oui, les frontières de l’Ukraine seront redessinées en fonction des dix années de guerre, de la situation sur le champ de bataille, des choix des populations locales et des compromis faits à la table des négociations.

M. Biden doit accepter que les négociations ne sont pas un signe de faiblesse. Comme l’a dit J. F. Kennedy: «Ne négociez jamais par peur, mais n’ayez jamais peur de négocier.» Ronald Reagan a décrit sa propre stratégie de négociation en utilisant un proverbe russe: «Faites confiance mais vérifiez.»

L’approche néoconservatrice à l’égard de la Russie, délirante et condescende dès le départ, est en ruines. L’OTAN ne s’élargira jamais à l’Ukraine et à la Géorgie. La Russie ne sera pas renversée par une opération secrète de la CIA. L’Ukraine est horriblement ensanglantée sur le champ de bataille, perdant souvent plus de 1000 morts et blessés en une seule journée. L’échec du manuel de jeu des néoconservateurs nous rapproche de l’Armageddon nucléaire.16

Pourtant, M. Biden refuse toujours et encore de négocier. Après le discours de M. Poutine, les Etats-Unis, l’OTAN et l’Ukraine ont à nouveau fermement rejeté les négociations. M. Biden et son équipe n’ont toujours pas renoncé au fantasme néoconservateur de vaincre la Russie et d’étendre l’OTAN à l’Ukraine.

M. Zelensky, M. Biden et d’autres dirigeants de pays de l’OTAN ont menti au peuple ukrainien à maintes reprises en lui disant, à tort et à travers, que l’Ukraine l’emporterait sur le champ de bataille et qu’il n’y avait pas d’option de négociation. L’Ukraine est désormais soumise à la loi martiale. Le public n’a pas son mot à dire sur son propre massacre.

Pour la survie même de l’Ukraine et pour éviter une guerre nucléaire, le président des Etats-Unis a aujourd’hui une responsabilité suprême: celle de négocier.

* Jeffrey Sachs est Professeur à l’Université de Columbia, directeur du Centre pour le développement durable de l’Université de Columbia et président du Réseau des solutions de développement durable des Nations Unies. Il a été conseiller auprès de trois secrétaires généraux de l’ONU et occupe actuellement la fonction de défenseur des ODD auprès du secrétaire général António Guterres.

Source: https://www.commondreams.org/opinion/role-of-us-in-russia-ukraine-war, 19 juin 2024

(Traduction «Point de vue Suisse»)

1 http://en.kremlin.ru/events/president/news/74285

2 https://geopoliticaleconomy.com/2022/02/01/dick-cheney-us-goal-break-up-russia/

3 https://www.foreignaffairs.com/articles/asia/1997-09-01/geostrategy-eurasia

4 https://www.theguardian.com/world/2004/sep/08/usa.russia

5 https://nsarchive.gwu.edu/briefing-book/russia-programs/2017-12-12/nato-expansion-what-gorbachev-heard-western-leaders-early

6 https://nsarchive.gwu.edu/briefing-book/russia-programs/2018-03-16/nato-expansion-what-yeltsin-heard

7 https://www.foreignaffairs.com/articles/asia/1997-09-01/geostrategy-eurasia

8 http://en.kremlin.ru/events/president/news/6152w

9 https://www.commondreams.org/tag/victoria-nuland

10 https://www.youtube.com/watch?v=JoW75J5bnnE

11 https://www.politico.eu/article/yanukovych-announces-transition-deal-in-ukraine/

12 https://www.amazon.com/Covert-Regime-Change-Americas-Security/dp/1501730657

13 https://nypost.com/2022/12/09/vladimir-putin-russia-ready-for-ukraine-deal-but-partners-cheated-in-the-past/

14 https://mid.ru/ru/foreign_policy/rso/nato/1790818/?lang=en

15 http://en.kremlin.ru/events/president/news/74285

16 https://www.commondreams.org/opinion/nuclear-armageddon

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