Sur l'escalade de la violence en Israël et en Palestine

Déclaration de l'Association pour la promotion du jumelage Cologne–Bethléem

(4 juin 2021) Malheureusement, c'est une réalité amère: 25 ans après la création du jumelage avec Bethléem et de l'association pour la promotion du jumelage Cologne–Bethléem par le maire de Cologne de l'époque, Norbert Burger, on assiste – plutôt qu’à des célébrations – à des flambées de violence, de détresse, de mort et de misère, tant dans notre ville jumelée de Bethléem que dans notre ville jumelée de Tel-Aviv.

Cela nous choque et nous inquiète profondément. Nos pensées vont à nos amis et connaissances des deux villes partenaires.

Les attentats à la bombe perpétrés par le Hamas et le Jihad islamique depuis Gaza contre des villes israéliennes, y compris notre ville jumelle Tel-Aviv-Yafo, ne peuvent être justifiés par quoi que ce soit. Nous les condamnons dans les termes les plus forts.

Dans le même temps, nous soulignons que la nouvelle escalade du conflit n'a pas commencé avec les bombardements en provenance de Gaza, mais il y a plusieurs mois avec l'expulsion forcée de familles palestiniennes de leurs maisons à Jérusalem-Est par des colons juifs. Les forces de police israéliennes ont répondu aux protestations pacifiques par des provocations et une force disproportionnée. Les tirs de roquettes israéliens sur les maisons et les installations civiles de Gaza ajoutent une nouvelle dimension, non moins inhumaine, à cette violence. Nous rejetons tout aussi fermement ces attaques à la roquette.

Nous condamnons également dans les termes les plus forts toutes les tentatives d'utiliser le conflit actuel dans ce pays à des fins d'agitation antisémite et d'attaques contre des êtres humains de confession juive. C'est ensemble qu'il faut agir, pas l'un contre l'autre, quel que soit le camp concerné. Il n'y a pas de place pour la haine et l'incitation à la haine dans les relations entre villes jumelées.

Cela étant, c'est avec une inquiétude croissante que nous observons l'utilisation de plus en plus abusive de l'accusation d'antisémitisme comme arme de propagande dans le débat politique, qui empoisonne le discours public et démocratique. Ainsi diffame-t-on les personnes, les associations et les institutions qui appellent en toute bonne foi l'occupation une occupation, critiquent comme illégales au regard du droit international les politiques d'occupation et de colonisation des territoires palestiniens menées par le gouvernement de droite nationaliste de M. Netanyahu, et s'engagent en faveur d'une solution pacifique au conflit israélo-palestinien et de la réalisation d’une solution à deux Etats. De tels abus ne rendent pas service à l’urgente lutte sociétale contre l'antisémitisme.

Nous observons avec horreur la violence entre les Palestiniens d'Israël et les Israéliens juifs dans le cœur même d'Israël, qui prend des allures de guerre civile. Des institutions telles que le Jardin d'enfants de la paix de Cologne installé dans le quartier de Jaffa, où les enfants de familles palestino-israéliennes et judéo-israéliennes ainsi que juives, chrétiennes et musulmanes jouent, chantent et célèbrent des fêtes ensemble, sont plus nécessaires que jamais.

Nous ne devons pas nous habituer au sentiment d'impuissance qui accompagne le conflit israélo-palestinien, toujours non résolu. Au contraire: l'impulsion trilatérale fondamentale qui a conduit à la création du jumelage avec Bethléem doit être réactivée de toute urgence. Seuls ceux qui font preuve d'empathie et de solidarité envers les deux parties et qui sont étrangers au conflit dans la région peuvent agir de manière à construire la paix et à s'orienter vers l'avenir. C'est l'expérience encourageante que nous avons faite au cours des 25 ans du jumelage de Cologne et de Bethléem.

Nous continuerons donc à soutenir les initiatives à Bethléem et à Tel-Aviv qui s'engagent en faveur du dialogue et de la coopération, de la protection des droits humains et d'une fin pacifique de l'occupation, qui dure déjà depuis 54 ans.

Source: www.koeln-bethlehem.de, sans date

(Traduction «Point de vue Suisse»)

Message de la rédaction

Douze morts, dont deux enfants du côté israélien, 254 morts, dont 66 enfants du côté palestinien. Onze jours, du 10 au 21 mai 2021: c’est ce qu’a duré la dernière confrontation guerrière entre Palestiniens et Israéliens. Selon le «New York Times», 34 000 Palestiniens ont été contraints de fuir. Plus de 2500 personnes ont été bombardées et sont actuellement sans domicile fixe. Dieu merci, un cessez-le-feu a été conclu avec l'aide de l'Egypte. Les difficultés, la peur de nouveaux bombardements et la souffrance ne sont pourtant pas terminées. Mais si la France et l'Allemagne ont réussi à trouver la paix après de nombreuses et terribles guerres, les Israéliens et les Palestiniens devraient être capables de se tendre la main. Beaucoup d'entre eux le font. Des discussions sont apparemment en cours sur l'échange de prisonniers.

Ce qu’il faut de l’extérieur, c’est de la compréhension pour les deux parties, une mise hors la loi politiquement claire des actions belliqueuses, des prises de position humaines comme celle de la «Déclaration de l'Association pour la promotion du jumelage Cologne-Bethlehem». Pas le réarmement par l'industrie de l'armement, dont les profits sont éhontés – ni d’un camp ni de l’autre –, mais la poursuite de la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations Unies pour parvenir à une paix juste et durable. Cette résolution de 1967 prévoit judicieusement la création de «zones démilitarisées» et non le réarmement d'Israël et de la Palestine.

 

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