Une trinité impie? Néolibéralisme – 11-Septembre – Afghanistan

Wolfgang Effenberger (Photo mad)

par Wolfgang Effenberger1

(24 octobre 2021)) Le 30 août – un jour avant le retrait définitif des Etats-Unis d'Afghanistan – l'article belliciste «Für Dich zieh ich in den Krieg» (Pour toi, je pars en guerre) d'Anne Applebaum, rédactrice à «The Atlantic», est paru dans le «ipg-journal» de la Fondation Friedrich Ebert (SPD). Elle était précédée de la photo ci-dessous sous-titrée: «Assez parlé.»

L'«ipg-journal» se décrit ainsi: «une plateforme de débat engagée sur les questions de politique internationale et européenne. Nous ne voulons pas seulement décrire, mais aussi donner des impulsions à travers des interprétations et des évaluations critiques. L'éventail des thèmes abordés comprend les questions de politique étrangère, de sécurité et de développement, ainsi que les défis de l'intégration européenne et les questions environnementales mondiales.»2

«Assez parlé.» (Source www.ipg-journal.de)

Aucun effort pour la paix et la compréhension

Dans cet éventail de sujets, on cherche en vain la condition préalable la plus importante, notamment en ce qui concerne les problèmes environnementaux mondiaux: la recherche de la paix et de la compréhension. Les guerres incessantes depuis 1945 ne créent pas seulement des souffrances sans fin pour les personnes concernées, mais détruisent également de façon permanente l'environnement – voir l'utilisation d'Agent Orange pour défolier les forêts ou l'utilisation répréhensible de la géo-ingénierie pour transformer le triangle des pays Laos, Cambodge et Vietnam en un désert de boue afin que le Viêt-Cong ne trouve plus que des voies d'approvisionnement infranchissables. Aux yeux de tous, les guerres américaines au Vietnam et en Afghanistan se sont soldées par un désastre. Les problèmes n'ont pas été résolus, mais seulement exacerbés – et de nouveaux ont été créés. Un perpetuum mobile de destruction et d'exploitation pour le profit du complexe militaro-industriel-financier.

Anne Applebaum décrit toutefois la prise de conscience – chèrement payée – que «ce conflit ne peut être résolu militairement» comme l'une des «nombreuses déclarations dénuées de sens et de portée que les politiciens occidentaux ne cessent de faire à intervalles réguliers».3

Elle considère la chute de Kaboul comme un rappel à l'ordre utile: «Si nous et nos alliés européens sommes peut-être fatigués des ‹guerres perpétuelles›, les talibans ne sont pas du tout fatigués de la guerre, pas plus que les Pakistanais, ou les régimes de Russie, de Chine et d'Iran.»

Ces pays voient dans les «démocraties libérales une idéologie puissante et dangereuse qui menace leur pouvoir et doit être vaincue partout où elle existe. Ils utiliseront la corruption, la propagande et même la violence pour atteindre cet objectif. Ils le feront en Syrie et en Ukraine, ainsi qu'aux Etats-Unis, en UE et au Royaume-Uni.»4

Applebaum considère que la lutte pour défendre la démocratie libérale est une lutte militaire et pas seulement idéologique. Selon elle, la guerre ne peut pas toujours être menée «avec des mots, des arguments, des conférences ou de la diplomatie, avec l'engagement d'organisations de défense des droits de l'homme, avec des déclarations de l'ONU et des expressions passionnées de préoccupation de l'UE. Ou plutôt: on peut essayer de mener la bataille avec ces moyens, mais alors on la perdra.»5

Qu'un tel article anti-paix et proguerre puisse paraître dans l'organe de la Fondation Friedrich Ebert laisse sans voix.

Une lutte qui est menée sous des prémisses fallacieuses – telles que les «valeurs occidentales», la «liberté et la démocratie» ou la «construction de la nation» –, en réalité pour la «liberté du néolibéralisme», c'est-à-dire du capitalisme, doit échouer.

«La liberté et les développements démocratiques ne peuvent pas être transposés dans des pays lointains avec des actions militaires. Les chars et les assassinats par drones ne font que créer de l'inimitié.»6

Le néolibéralisme n'est pas le salut, mais le déclencheur de conflits qui apportent chaos, souffrance et mort aux populations opprimées.

Les Etats-Unis cherchent toujours à dominer le monde

Alors qu'Applebaum se prépare à de futures guerres contre la Russie et la Chine, le professeur Michel Chossudovsky, directeur du Center for Globalisation Studies, nous rappelle «que ces deux pays, aujourd'hui considérés comme ennemis, sont ceux qui, lorsqu'ils étaient alliés aux Etats-Unis lors de la Seconde Guerre mondiale, ont payé le plus lourd tribut en vies humaines pour la victoire sur l'axe nazi-fasciste Berlin-Rome-Tokyo – quelque 26 millions pour l'Union soviétique et 20 millions pour la Chine, contre un peu plus de 400 000 pour les Etats-Unis».7

En outre, Chossudovsky souligne le nombre de morts résultant de la série ininterrompue de guerres, de coups d'Etat et d'autres opérations subversives menées par les Etats-Unis depuis la fin de la guerre en 1945 jusqu'à aujourd'hui – un chiffre estimé entre 20 et 30 millions.8 Cela représente environ deux fois plus de décès que lors de la Première Guerre mondiale.

Les pires autocrates ne pourraient pas agir plus cruellement que les Etats-Unis. Le général américain Smedley Butler (1881–1940) – deux fois décoré de la médaille d'honneur – témoigne:

«J'ai fait mon service militaire actif pendant 33 ans et quatre mois, et à cette époque, j'ai passé la plupart de mon temps comme un voyou de haut niveau pour les grandes entreprises, pour Wall Street et ses banquiers ... En 1903, j'ai contribué à rendre le Honduras mûr pour les sociétés fruitières américaines. En 1927, en Chine, j'ai veillé à ce que Standard Oil reste intacte. J'aurais pu donner des conseils à Al Capone [célèbre gangster de la Mafia, W.E.]. Le mieux qu'il ait pu faire est d'opérer dans trois districts (de Chicago) avec son racket. Moi, j'ai opéré sur trois continents.»9

Le général Douglas MacArthur a qualifié Butler de «l'un des plus grands généraux de l'histoire américaine» et a donné son nom à la base militaire d'Okinawa.

Le fait que les Etats-Unis continuent de s'efforcer de dominer le monde se traduit par le fait qu'ils couvrent le globe avec six commandements régionaux et exploitent quelque 800 bases militaires dans des pays étrangers et dans (leurs propres) régions d'outre-mer, la plupart autour de l'Eurasie. Cette «projection de puissance» illustre le caractère de l'empire américain. Le nombre de bases militaires étrangères de tous les autres Etats du monde ne représente qu'un peu plus de cinq pour cent de ce chiffre.10

La majorité de ces bases américaines ne sont certainement pas destinées à protéger des pays, mais à sauvegarder les intérêts économiques américains et, en cas de doute, à intervenir en cas d'évolution politique fâcheuse.

Attaques terroristes contre les Etats-Unis

Le 11 septembre 2001, le monde a été témoin des attaques terroristes contre les Etats-Unis.

Le président George W. Bush, qui avait commencé la journée par un événement sur le thème de l’enseignement en Floride, était assis à bord d'«Air Force One» avec de maigres informations et a reçu l'ordre, à 10 h 41, de son vice-président Dick Cheney – qui se trouvait dans le bunker de la Maison-Blanche depuis que le deuxième avion avait frappé la tour sud du World Trade Center à 9 h 03 pour prendre des décisions11 – de se rendre au Strategic Air Command près d'Omaha/Nebraska. Ainsi, le président américain n’a plus été impliqué dans les décisions de cette journée.

Après l'impact sur le Pentagone à 9 h 37, le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld ne s'est pas immédiatement rendu dans le bunker, mais a inspecté le côté touché du bâtiment du Pentagone, contrairement à la réglementation, mais avec l'attention des médias.

Le lendemain de l'attentat, le président américain Bush a parlé d'une «lutte monumentale» à mener par «le bien contre le mal» et a annoncé sa victoire. Les Etats-Unis étaient confrontés à un nouvel ennemi qui frappe «dans l'ombre», puis s'enfuit et se cache. Auparavant, le secrétaire d'Etat américain Colin Powell avait déclaré au peuple américain qu'il s'agissait d'un conflit de longue durée et que les Etats-Unis répondraient aux attaques «comme s'ils étaient en guerre.»12 Et ce, sans aucune preuve. Entre autres, il n'a pas été prouvé à ce jour qu'un avion de ligne s’est écrasé sur le Pentagone.

Critiques acerbes contre la version officielle du 11-Septembre

Sept anciens responsables de la CIA ont vivement critiqué la version officielle du 11-Septembre en demandant une nouvelle enquête.13 «Je pense que si l'on veut s’exprimer simplement, il y a eu dissimulation. Le rapport d'enquête est une blague»,14 a déclaré Raymond McGovern, un fonctionnaire de la CIA avec 27 ans de carrière qui fut président du National Intelligence Estimates dans les années 1970. Le major général Albert Stubblebine, ancien commandant de l'«United States Army Intelligence» et de la «Security Command» (INSCOM), critique également la version officielle des événements du 11-Septembre en tant qu'ancien analyste de haut niveau en photographie aérienne. Dans une production vidéo de 2006 intitulée «One Nation Under Siege», Stubblebine a déclaré:

«Maintenant, quand je regarde le trou dans le Pentagone et ensuite la taille de l'avion qui a soi-disant frappé le Pentagone, je dis: ‹L'avion ne rentre pas dans ce trou›. Alors qu'est-ce qui a frappé le Pentagone? Qu'est-ce qui l’a touché? Où se trouve-t-il? Que se passe-t-il ici?»15

Le Kremlin pourrait fournir la réponse. Le 11 septembre 2001, le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, a été informé par son état-major «qu'un satellite russe avait observé le tir d'un missile depuis un navire de la marine au large des côtes de Washington en direction du Pentagone».16

La tentative de Poutine de joindre son homologue américain avait échoué parce que le 11 septembre, le vice-président Dick Cheney avait pris les commandes.

Le 11 septembre, au même moment que les détournements d'avions, le North American Aerospace Defense Command (NORAD) du Canada et des Etats-Unis effectuait un exercice aérien conjoint pour s'entraîner à contrer de telles attaques. Le lendemain, un autre exercice devait avoir lieu pour simuler la défense contre une attaque bioterroriste.17 C'était très prévoyant, car peu après le 11-Septembre, des lettres contenant de l'anthrax sont apparues dans le courrier américain. Cinq Américains ont été tués. La peur panique d'une infection à l'anthrax a dominé le public américain encore plus que le choc du 11-Septembre. Pour la première fois dans l'histoire, le Congrès a été suspendu et Saddam Hussein a rapidement été identifié comme le coupable – une guerre immédiate contre l'Irak se profilait.18 Mais, en 2008, la piste a finalement mené au microbiologiste et chercheur en armes biologiques au laboratoire d'armes biologiques de Fort Detrick, Bruce E. Ivins. Il avait exposé près de 30 000 personnes aux spores mortelles. Avant son arrestation, il a mis fin à ses jours.

Le président américain George W. Bush a parlé d'un nouvel ennemi le 12 septembre 2001. Mais ce nouvel ennemi avait déjà été défini par le «Training and Doctrine Command» en août 1994 dans l'instruction 525-5 «A World in Transition».

Le nouvel ennemi: l'extrémisme national et religieux

Au lieu de lutter contre le communisme, le XXIe siècle devra combattre l'extrémisme national et religieux. Alors qu'au XXe siècle, nous avions des alliés permanents, au XXIe siècle, ce ne sont que des alliés temporaires. L'armée américaine doit tenir compte de deux prémisses: «l'évolution technologique rapide, avec robots de combat et drones [...] et la réorganisation de la géostratégie».19

Trois ans plus tard, un groupe de réflexion néoconservateur, le Project for the New American Century (PNAC) [Projet pour le nouveau siècle américain] est fondé par Rumsfeld, Cheney, Wolfowitz, Libby, Kagan, Perle, Kristol. En septembre 2000, le PNAC a publié un rapport de 80 pages intitulé «Rebuilding America's Defenses: Strategies, Forces, And Resources For a New Century».

Projection du pouvoir des Etats-Unis dans le monde entier

L'objectif était de fournir une base sûre pour la projection de la puissance américaine dans le monde. Ce «processus de transformation [...] est susceptible de se dérouler sur une longue période, à moins qu'un événement catastrophique et déclencheur – tel qu'un nouveau Pearl Harbor – ne se produise», indique le rapport.

En 2021 – 20 ans après l'attaque terroriste – le problème, selon Thierry Meyssan, n'est pas de savoir comment les attentats ont été perpétrés, «mais de savoir pourquoi les Etats-Unis ont réagi ce jour-là en violant leur propre Constitution, pourquoi dans les jours qui ont suivi ils ont procédé à des réformes profondes de leurs institutions qui ont changé leur nature.»20

Dans ce contexte, l'incroyable rapidité de la réaction fondamentale du gouvernement américain, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, est surprenante. Deux jours seulement après le 11-Septembre, le Congrès a adopté la Loi de 2001 sur la lutte contre le terrorisme («Combat Terrorism Act»).

Dès le 20 septembre 2001, le général américain Wesley Clark a appris par hasard au Pentagone que sept pays allaient être attaqués militairement au cours des cinq prochaines années: Irak, Syrie, Liban, Libye, Somalie, Soudan et Iran.21

Alors que l'Iran est le seul pays qui n'a pas encore été attaqué et que l'Afghanistan figurait sur la liste, les bombardiers américains et britanniques ont déjà effectué la première vague contre des cibles stratégiques en Afghanistan le 7 octobre 2001, soit 25 jours seulement après les attentats terroristes. Sur les 19 kamikazes présumés, 15 venaient d'Arabie saoudite, mais aucun d'Afghanistan.

Le «Patriot Act», ou comment restreindre les libertés constitutionnelles à l’intérieure du pays

Le 26 octobre 2001, le Congrès américain a adopté un projet de loi de 342 pages rédigé à la hâte pour «unifier et renforcer l'Amérique en fournissant les outils appropriés»,22 pour arrêter et prévenir le terrorisme. Il permet des coupes dans la Déclaration des droits («Bill of Rights») et restreint les libertés constitutionnelles. La liste des actes terroristes présumés a été considérablement élargie, les perquisitions de domicile facilitées et la coopération entre la police et l'armée renforcée.23 Le Département de la sécurité intérieure (Homeland Security Departement) a été créé pour mettre en œuvre ces mesures. Il s'est doté d'une police politique qui peut espionner n'importe quel citoyen américain. Selon le «Washington Post», qui l'a révélé en 2011, «il a engagé 835 000 agents, dont 112 000 secrètement, ce qui signifie un espion pour 370 résidents, faisant des Etats-Unis le pays le plus orwellien du monde.»24 Edward Snowden, réfugié politique vivant en Russie, a révélé ces connexions en 2013. Il s'est vu refuser l'asile dans le soi-disant «Occident des valeurs» parce que les Etats-Unis le considèrent comme un criminel.

Le 29 octobre 2001, le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld a créé le Bureau de la transformation des forces («Office of Force Transformation»), qu'il a confié à l'amiral Arthur Cebrowski.

Doctrine Rumsfeld/Cebrowski

La doctrine Rumsfeld/Cebrowski25 consiste à ne plus essayer de gagner des guerres dans l'intérêt du capitalisme financier, mais à les faire durer le plus longtemps possible. C'est dans l'esprit du philosophe néoconservateur Leo Strauss: créer un chaos mondial pour l'utiliser de manière «créative».

L'objectif est de détruire les structures étatiques locales afin que les richesses naturelles puissent être exploitées sans contrôle politique. Le colonel américain Ralph Peters l'a résumé ainsi: «La stabilité est l'ennemi de l'Amérique» («Stability: America's enemy»).26

En outre, Rumsfeld et Cebrowski suggèrent «qu'il ne faut pas combattre les puissances mondialisées comme la Russie et la Chine. Il s'agit plutôt de leur donner accès aux richesses naturelles qu'ils ont conquises, mais de les obliger à payer des redevances aux Etats-Unis pour pouvoir les utiliser».27

La guerre contre le terrorisme commencée immédiatement après le 11-Septembre n'est pas terminée avec la chute de Kaboul. En Irak, en Libye, en Syrie, au Yémen et au Liban, le chaos, avec ses conditions de guerre civile, s'est installé avec succès. Avant les interventions occidentales, la Libye et le Liban étaient des alliés des Etats-Unis et les USA sont eux-mêmes dans une situation pouvant rapidement dégénérer en guerre civile. Les principaux coupables semblent être les cercles qui ont amassé d'énormes fortunes grâce à la guerre, à la destruction et à la souffrance et les utilisent à des fins de politique de pouvoir.

Le «complexe financier-numérique»

Le complexe militaro-industriel (CMI), contre lequel Dwight D. Eisenhower avait mis en garde, est désormais rejoint par le «complexe financier-numérique», une communauté d'intérêts regroupant les plus grandes entreprises informatiques et les plus grands gestionnaires d'actifs. Le journaliste économique Ernst Wolff y voit le plus grand profiteur et en même temps le plus important cerveau dans les coulisses de la crise actuelle. Les plus grandes sociétés informatiques sont Apple, Alphabet qui est la société mère de Google, Amazon, Microsoft et Facebook. Les grands gestionnaires d'actifs sont Blackrock, Vanguard, State Street et Fidelty.

Les cinq sociétés informatiques enregistrent actuellement l'insondable valeur boursière de 9,1 billions de dollars. En comparaison, le produit intérieur brut de l'Allemagne, de la France et de l'Italie n'est que de 8,6 billions de dollars. Les quatre gestionnaires d'actifs, qui détiennent également des participations importantes dans toutes les sociétés informatiques, gèrent actuellement un total de 22,6 billions de dollars. A titre de comparaison, le produit intérieur brut combiné des 28 Etats membres de l'Union européenne était de 15,7 billions de dollars en 2020. Le pouvoir de marché concentré des entreprises informatiques et financières est renforcé par le fait qu'elles contrôlent également des centaines de milliers d'autres entreprises parce qu'elles organisent leur numérisation et ont ainsi un aperçu de leur flux de données. Ernst Wolff considère l'industrie informatique comme une tumeur qui s'est métastasée dans tous les secteurs de l'économie au cours des dernières années et qui les domine désormais complètement.28 Selon lui, au vu de ces faits, il ne faut pas beaucoup d'imagination «pour arriver à la conclusion que le ‹complexe financier-numérique› est le centre de pouvoir mondial autour duquel tout tourne.»29

Le WEF comme point d'appui du contrôle mondial

Et le pivot du contrôle mondial semble être le Forum économique mondial (WEF), basé en Suisse, un réseau mondial qui réunit chaque année à Davos les représentants des plus grandes entreprises du monde avec des politiciens, des universitaires et des personnalités médiatiques de premier plan. A la fin du mois de mars 2020, alors que le monde (à l'exception de la Chine) était largement saisi et initialement perplexe face au virus, la réponse à la pandémie s'est traduite par un «Shut Down» de l'économie et des conséquences considérables pour les droits civils – avec, souvent, des mesures contradictoires. Alors que la classe moyenne a souffert et continue de souffrir de ces mesures, le capitalisme d'entreprise, largement accepté par le public, a pu récolter des profits inimaginables au cours de la destruction contrôlée de larges pans de l'économie mondiale.

Depuis le début du mois de juin 2020, le WEF «vend» une utopie technocratico-numérique comme la solution à tous les problèmes avec une campagne de propagande internationale élaborée sous le nom de La grande réinitialisation («The Great Reset»). Mais déjà en 2015, sous couvert de «développement durable», le Programme 2030 a été conçu à l'ONU et adopté par les Etats membres. Le 13 juin 2019, le fondateur du WEF, Klaus Schwab, et le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, ont signé un partenariat entre les deux organisations. Le premier point de cet accord règle – sans surprise – le financement du Programme 2030 de l'ONU par le WEF.

Les 17 objectifs de développement durable de l’Agenda 2030 de l’ONU.(30)

Transformer l'économie mondiale

Les 46 pages du Programme proclament le paradis sur terre – une vie intacte dans une nature préservée, la prospérité, la paix et la croissance économique – et incluent un engagement à rendre tout cela possible d'ici 2030. A cette fin, Klaus Schwab – capitaliste convaincu, eugéniste, transhumaniste, technocrate et économiste de tendance néoclassique – a décrit dans ses livres31 la «quatrième révolution industrielle» qui est «développée» et espérée depuis 2015. L'homme n'y apparaît que comme décideur, gestionnaire, prestataire de services, consommateur, employé, ouvrier, chômeur, militant, insurgé, etc., avant tout comme un individu isolé à protéger et comme un être à vaincre en termes évolutifs.32

La transformation de l'économie mondiale envisagée par Schwab – enveloppée dans un flot paradoxal d'euphémismes – reflète les intérêts des grandes entreprises, des industries de l'informatique, de la numérisation et de la surveillance, du secteur financier et de l'industrie pharmaceutique. L'élite du capital aurait ainsi atteint son objectif après un demi-siècle, face à une catastrophe écologique et économique imminente.

Il ne reste plus qu'à saper les derniers processus démocratiques qui font obstacle à l'autonomisation totale de l'élite du capital. Ce qui reste, ce sont des pseudorépubliques dans lesquelles dominent des structures démocratiquement non légitimées.

Il ne s'agit pas seulement du secteur financier déréglementé (FMI, Banque mondiale, diverses banques centrales et des géants financiers privés comme BlackRock et autres).

«Aujourd'hui, de fortes influences proviennent également d'autres initiatives du secteur privé, telles que diverses fondations (Fondation Bill et Melinda Gates, Fondation Rockefeller, Fondation Bertelsmann et autres) avec de prétendues intentions humanitaires et une revendication du statut d'organisme à but non lucratif.»33

Un changement de mentalité comme condition préalable
à un avenir digne d'être vécu dans la paix, la liberté et la vérité

Il est très difficile de voir clair dans ces connexions dans un paysage médiatique dépendant de l'argent. L'espoir réside donc dans les médias libres et dans les personnes qui ne se soumettent pas volontairement à leur privation de droits.

Toutefois, compte tenu de l'état actuel du monde, un «Reset» de la société dans son ensemble est inévitable, mais dans le sens d'un changement de pensée comme condition préalable à un avenir digne d'être vécu dans la paix, la liberté et la vérité. Ce «Reset» doit toutefois reposer sur une base démocratique.

Il est temps que les peuples eux-mêmes défendent leur société démocratiquement constituée, promeuvent l'amour de la paix à l'intérieur et à l'extérieur et affirment les peuples et les pays dans leur souveraineté, au lieu de participer inconsidérément et volontairement avec les Etats-Unis et l'OTAN à des guerres ou à des changements de régime violant le droit international, à l'exploitation et à la destruction des ressources naturelles et à la mécanisation des processus interpersonnels.

Pour finir, je tiens à remercier tous ceux qui ont fourni des efforts pour clarifier la situation immédiatement après les événements du 11-Septembre, en particulier Daniele Ganser, Thierry Meyssan et Matthias Bröckers, qui m'ont enrichi par des échanges personnels amicaux.

(Traduction «Point de vue Suisse»)

* Wolfgang Effenberger, né en 1946, est journaliste et auteur de nombreux livres. Il publie en allemand. Voici trois de ses derniers ouvrages: «Wiederkehr der Hasardeure, Schattenstrategen, Kriegstreiber, stille Profiteure 1914 und heute», 2014; «Geo-Imperialismus. Die Zerstörung der Welt», 2016. Tout dernièrement est paru «Schwarzbuch EU & NATO», 2021. https://zeitgeist-online.de/2013-11-30-00-57-32/1097-wolfgang-effenberger-schwarzbuch-eu-nato.html

1 Voir également Wolfgang Effenberger: Neue Kriege um Rohstoffe. Friedensfestival am 25. Juli 2009 vor dem Brandenburger Tor unter http://www.nrhz.de/flyer/media/14075/Berlin-Rede-Effenberger-23-07-09.pdf (5/9/21) ainsi que l'article «Versuch einer Analyse nach acht Jahren Krieg in Afghanistan» vom 26. August 2009 unter http://www.nrhz.de/flyer/beitrag.php?id=14162&css=print (4/9/21).

2 https://www.ipg-journal.de/ipg/was-ist-ipg/ (4/9/21)

3 https://www.ipg-journal.de/rubriken/aussen-und-sicherheitspolitik/artikel/fuer-dich-zieh-ich-in-den-krieg-5389/?utm_campaign=de_40_20210831&utm_medium=email&utm_source=newsletter (4/9/21)

4 https://www.ipg-journal.de/zitat-der-woche/artikel/frank-walter-steinmeier-moderne-aussenpolitik-braucht-eine-informierte-und-engagierte-debatte-in-deutschland-hat-sie-hier-eine-neue-adresse-ich-freue-mich-auf-offene-diskussionen-79/ (4/9/21)

5 https://www.ipg-journal.de/zitat-der-woche/artikel/frank-walter-steinmeier-moderne-aussenpolitik-braucht-eine-informierte-und-engagierte-debatte-in-deutschland-hat-sie-hier-eine-neue-adresse-ich-freue-mich-auf-offene-diskussionen-79/ (4/9/21)

6 Herbert Krüger, ancien chef de district du syndicat IGBCE, courriel du 3/9/21

7 Manlio Dinucci: De 1945 à aujourd'hui – 20 à 30 millions de personnes tuées par les Etats-Unis du 21/11/18 sur https://www.voltairenet.org/article204026.html (4/9/21).

8 Manlio Dinucci: De 1945 à aujourd'hui – 20 à 30 millions de personnes tuées par les Etats-Unis du 21/11/18 sur https://www.voltairenet.org/article204026.html (4/9/21).

9 cf. Hans Schmidt, Maverick Marine. General Smedley D. Butler and the Contradictions of American Military History. United Press of Kentucky 1998, p. 231

10 https://www.heise.de/tp/features/Globale-US-Militaerpraesenz-und-die-Rolle-Deutschlands-6121113.html?seite=all (4/9/21)

11 Garrett M. Graff: Behind the 9/11 White House Order to Shoot Down U.S. Airliners: ‹It Had to be Done› Sep 9, 2019 https://www.history.com/news/september-11-attacks-shootdown-order-cheney-bush (5/9/21)

12 Wolfgang Effenberger/Konrad Löw: Pax americana. Munich 2004, p. 546s. Wolfgang Effenberger avait commencé dès le discours cryptique de prestation de serment de George W. Bush, le 20 janvier 2001, à analyser de manière critique les déclarations de ce dernier: «Nous allons nous occuper des armes de destruction massive, ... nous allons contrer l'agression et la mauvaise foi avec détermination et force» (titre provisoire à l'époque Imperium USAnum). Face à l'éclatement des tours, un livre critique à l'égard des Etats-Unis semblait insensé. Mais lorsque, après seulement quelques heures, la double image manipulatrice Oussama ben Laden–tour en flammes a fait le tour du monde, il était clair: maintenant plus que jamais. Dans ce livre, les événements du 11-Septembre et la guerre en Afghanistan font l'objet d'un examen critique dans les pages 540–570.

13 http://www.911-archiv.net/Personalakten/ex-mitarbeiter-von-terrorismusabwehr-und-geheimdiensten-bezweifeln-offizielle-version-des-11-september.html (5/9/21)

14 Enregistrement vidéo de la séance de questions-réponses avec Raymond McGovern et le Maj. Scott Ritter le 22 juillet 2006, http://www.youtube.com/watch?v=Uwu0bNaUcOU

15 Documentaire vidéo One Nation Under Siege – Gen. Déclaration d'Albert Stubblebine
http://www.undersiegemovie.com/media/stubblebine.wmv

16 Thierry Meyssan: 20e anniversaire des attentats du 11-Septembre. Aujourd'hui tout donne raison à Thierry Meyssan, du 31 août 2021 https://www.voltairenet.org/article213881.html (4/9/21)

17 https://at.ert.wiki/wiki/United_States_government_operations_and_exercises_on_September_11,_2001 (4/9/21)

18 Wolfgang Effenberger: Schwarzbuch EU & NATO Warum die Welt keinen Frieden findet. Höhr-Grenzhausen 2020, p. 257s.

19 https://www.help4you.info/pdf/19940801_TRADOC_Pamphlet_525-5.pdf (4/9/21)

20 Thierry Meyssan: 20e anniversaire des attentats du 11 septembre. Aujourd'hui tout donne raison à Thierry Meyssan, du 31 août 2021 https://www.voltairenet.org/article213881.html (4/9/21)

21 https://www.youtube.com/watch?v=b5UhQ-gqVkg de mars 2007

22 USA PATRIOT Act: est l'acronyme de Uniting and Strengthening America by Providing Appropriate Tools Required to Intercept and Obstruct Terrorism Act of 2001.

23 Wolfgang Effenberger. Schwarzbuch EU & NATO Warum die Welt keinen Frieden findet. Höhr-Grenzhausen 2020, p. 264.

24 Thierry Meyssan: 20e anniversaire des attentats du 11 septembre. Aujourd'hui tout donne raison à Thierry Meyssan, du 31 août 2021 https://www.voltairenet.org/article213881.html (4/9/21)

25 cf. Thierry Meyssan: La Doctrine Rumsfeld/Cebrowski du 25/5/2021 sur https://www.voltairenet.org/article213167.html (4/5/21)

26 cf. Thierry Meyssan: 20e anniversaire des attentats du 11 septembre. Aujourd'hui tout donne raison à Thierry Meyssan, du 31 août 2021 https://www.voltairenet.org/article213881.html (4/9/21)

27 Ibid.

28 Ernst Wolff dans son discours aux Médecins pour l'information (minutes 8–12) sur https://t.me/aerztefueraufklaerungoffiziell.

29 Ibid.

30 https://unric.org/de/17ziele/

31 Klaus Schwab, Thierry Malleret: «Covid 19 – La grande réinitialisation» (2020) et «Shaping the Fourth Industrial Revolution» (2018).

32 Retour vers l’avenir 10.12.2020. https://www.freitag.de/autoren/idog/zurueck-in-die-zukunft (5/9/21)

33 Retour vers l’avenir 10.12.2020. https://www.freitag.de/autoren/idog/zurueck-in-die-zukunft (5/9/21)

 

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