Agriculture

«Nous voulons assumer notre rôle de bâtisseur de ponts»

Le directeur, Ueli Bracher, espère
une consolidation ou une légère
augmentation du nombre de jeunes
participants. (mad/Agriviva)

Environ 1400 jeunes ont goûté à l'air de la ferme l'année dernière

par Jonas Ingold

(29 janvier 2022) LID. Dans cette interview, le directeur d'Agriviva, Ueli Bracher, dresse un bilan et aborde les défis de l'avenir.

Ueli Bracher: Agriviva a fêté l'année dernière ses 75 ans d'existence. Quel bilan tirez-vous de cette année du jubilé?

Ueli Bracher: Un bilan positif. D'une part, nous avons pu augmenter le nombre de participants durant l'année du jubilé – ce qui nous a fait très plaisir. Nous nous sommes également réjouis des nombreux messages vidéo de félicitations que nous avons reçus de la part de personnalités connues, en particulier du président de la Confédération Guy Parmelin.

Nous gardons un bon souvenir de l'assemblée générale du jubilé qui a été très animée, avec les remarques élogieuses du président et de la directrice de l'Union des paysans du canton de Berne, hôte de l'événement, ainsi que les anecdotes de quelques anciens présidents de l'association. Et avec la chanson «Zäme uf ds Fäud» (Viens dans les champs), composée spécialement pour Agriviva par le groupe de rock biennois QL, nous avons pu apporter une nouvelle touche de couleur qui brillera au-delà de l'année du jubilé.

Le nombre de jeunes participants a augmenté, et ce malgré la pandémie. Comment vous expliquez-vous cela?

Nous voyons plusieurs facteurs: un intérêt général accru pour les thèmes «verts» tels que la nature, l'agriculture, la production alimentaire et la durabilité, d'une part, et d'autre part, davantage d'écoles ont participé en comparaison de l'année précédente. Le fait que les activités ont pu se dérouler de manière habituelle malgré la covid a joué un rôle important; cela a été ou est possible parce qu'il n’y a toujours qu’un seul jeune à la fois dans la famille d'accueil.

Agriviva – apprendre pour la vie

En 2021, près de 1400 jeunes ont participé à Agriviva. C'est davantage qu'en 2020. Au total, les jeunes ont effectué 21 000 jours d'activités l'année dernière. Depuis 1946, plus d'un millier de jeunes donnent chaque année de leur temps pour faire de riches expériences à la ferme, que ce soit dans le ménage, le jardin, l'étable ou les champs.

Le service rural a une longue tradition en Suisse: il a commencé en 1946, lorsque le «service à la ferme sur la base du volontariat» a été fondé à Berne peu après la Seconde Guerre mondiale. Le service rural traditionnel a été rebaptisé en Agriviva il y a une dizaine d'années – mais la mission de l'organisation est restée inchangée: créer dans les fermes des expériences et des rencontres pour la vie.

Au cours des 75 dernières années, plus de 340 000 jeunes ont profité de ce placement et ont ainsi découvert un nouveau monde. Les services à la ferme ont lieu toute l'année et durent d’une à huit semaines au maximum. Un participant sur cinq profite en outre de l'occasion pour consolider ses connaissances d'une autre langue nationale grâce à Agriviva.

Les médias sociaux accompagnent les adolescents au quotidien. Considérez-vous cela comme une concurrence au service rural ou Agriviva peut-elle même tirer des avantages de l'utilisation d'Instagram et companie?

Les médias sociaux nous offrent d’excellentes opportunités pour faire connaître notre offre à moindre coût auprès du groupe cible des jeunes. L'année dernière, nous avons par exemple fait nos premiers pas avec succès sur Snapchat, une plateforme en plein essor chez les jeunes. Ou alors, les jeunes nous envoient des photos de leurs activités via Instagram.

En 2021, près de 1400 jeunes ont participé à Agriviva.
L'année dernière, les jeunes ont effectué au total 21 000
jours d'engagement dans des fermes. (mad/Agriviva)

Il en résulte d'une part des points de contact positifs avec les jeunes et d'autre part, que nous obtenons un contenu authentique pour notre compte. Si vous regardez les photos sous le terme de recherche #Agrivivafoto2021, vous trouverez des prises de vue d'une qualité parfois remarquable. Et elles montrent, à travers les motifs et les sujets, ce qui impressionne essentiellement les jeunes: la nature, l'homme et l'animal. L’utilisation exagérée du smartphone peut avoir des effets négatifs, surtout pendant les activités à la ferme, quand elle réduit l'attention des jeunes pendant leur temps de travail.

En une phrase: pourquoi chaque adolescent devrait-il avoir participé une fois dans sa vie à Agriviva?

Parce que cela leur offre la chance et la possibilité de faire de précieuses expériences dans le domaine de la nature, de l'homme et de l'animal, ce qui leur permet d'avoir un meilleur rapport avec le domaine exigeant et coûteux de la production de denrées alimentaires et de se faire une idée plus nuancée de l'activité variée et importante des agricultrices et agriculteurs.

Après le jubilé, c'est avant le jubilé. Quels développements attendez-vous dans les prochaines années et qu'espérez-vous?

Nous nous attendons à ce que l'intérêt pour les questions écologiques et les thèmes tels que la durabilité, la gestion respectueuse des ressources, les normes de qualité, etc. reste élevé – ce qui pourrait avoir un effet positif sur la demande des jeunes pour un engagement à la ferme. D'un autre côté, le nombre d'exploitations agricoles ne cesse de diminuer – et donc aussi l'offre de telles possibilités d'engagement.

Un degré de mécanisation élevé et le fait que dans de nombreuses exploitations, au moins une personne exerce une activité professionnelle à l'extérieur, ce qui laisse moins de temps pour l'encadrement des jeunes, ont également un effet modérateur sur l'offre de places. Par ailleurs, le nombre de parents ayant eux-mêmes fait l'expérience d'un stage à la ferme et recommandant à leur progéniture de faire de même est en recul.

Cela s'explique par la suppression des services ruraux obligatoires à l'école ou par la proportion plus élevée de jeunes issus de l'immigration. Dans ces conditions, nous espérons une consolidation, voire une légère augmentation du nombre de participants, et que nous pourrons continuer à assumer notre création de ponts entre la ville et la campagne avec le soutien nécessaire des partenaires impliqués et que nous pourrons fêter dignement notre centenaire!

Source: https://www.lid.ch/medien/mediendienst/detail/artikel/wir-wollen-unsere-brueckenbauer-funktion-wahrnehmen/, 14 janvier 2022

(Traduction «Point de vue Suisse»)

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