Zelensky envoie une lettre d’amour aux entreprises américaines
… et promet de «grosses affaires» pour Wall Street
par Ben Norton,* Amérique latine
(14 février 2023) Dans une vidéo adressée à un groupe de pression américain, le dirigeant ukrainien Volodymyr Zelensky a remercié des entreprises telles que BlackRock, JP Morgan, Goldman Sachs et Starlink, insistant sur le fait que «tout le monde peut faire de grosses affaires» en investissant en Ukraine, où «nous défendons la liberté et la propriété».
Le dirigeant ukrainien soutenu par l’Occident, Volodymyr Zelensky, a envoyé une lettre d’amour aux entreprises américaines, remerciant «les géants du monde international de la finance et de l’investissement tels que BlackRock, JP Morgan et Goldman Sachs» d’avoir acheté les actifs de son pays.
«Tout le monde peut faire de grosses affaires en travaillant avec l’Ukraine», a-t-il lancé, affirmant que la reconstruction de son pays «sera le plus grand projet économique de notre époque en Europe».
M. Zelensky a également fait l’é loge de la société Starlink1 du milliardaire Elon Musk pour son soutien technologique, et il a appelé à davantage de livraisons d’armes occidentales, notamment de missiles Patriot et de chars Abrams.
Le dirigeant ukrainien a tenu ces propos dans une allocution vidéo prononcée le 23 janvier devant le groupe de pression des entreprises américaines, la National Association of State Chambers.
«Nous défendons la liberté et la propriété», a déclaré M. Zelensky, décrivant la guerre par procuration entre l’OTAN et la Russie2 en Ukraine comme une bataille pour l’â me de l’ordre capitaliste dirigé par l’Occident.
Le gouvernement de Zelensky a imposé certaines des politiques anti-ouvrières les plus agressives au monde,3 en adoptant une législation qui «prive environ 73% des travailleurs de leur droit à la protection syndicale et à la négociation collective», ce que même le Solidarity Center de la fédération syndicale AFL-CIO, financé par le gouvernement américain, a condamné comme une «attaque significative contre les droits des travailleurs en Ukraine».
L’idéologie résolument anti-travailleurs, antisyndicale et pro-entreprise de Zelensky est apparue clairement dans la rhétorique néolibérale du discours qu’il a prononcé devant l’Organisation des Chambres de commerce américaines.
Il a comparé le fait de gouverner l’Ukraine à la gestion d’une entreprise et a remercié les dirigeants d’entreprise présents à la conférence «pour cette occasion de pouvoir s’adresser à ceux qui créent la force économique de l’Amérique, primordiale au niveau mondial».
Le bureau du président ukrainien a publié sur son site officiel une transcription du discours,4 intitulé «Après la fin de la guerre, les entreprises américaines pourront devenir une locomotive de la croissance économique mondiale».
«Grâce au leadership des Etats-Unis d'Amérique, qui ont consolidé le monde dans la défense de la liberté, nous savons comment gagner cette bataille», s'est enthousiasmé Zelensky.
Ce discours ressemblait moins aux paroles d’un homme d’Etat qu’à la publicité d’un vendeur de voitures d’occasion – sauf qu’il ne vend pas des voitures, mais son pays à des méga-corporations étrangères.
Zelensky s’est vanté:
«Nous avons déjà réussi à attirer l’attention et à avoir une coopération avec des géants du monde international de la finance et de l’investissement tels que Black Rock, J.P. Morgan et Goldman Sachs. Des marques américaines telles que Starlink ou Westinghouse font déjà partie de nos habitudes ukrainiennes. Vos brillants systèmes de défense – tels que HIMARS ou les Bradleys – unissent déjà notre histoire de liberté à vos entreprises. Nous attendons les Patriots. Nous regardons de près les Abrams. Des milliers d’exemples de ce genre sont possibles! Et chacun peut faire de grosses affaires en travaillant avec l’Ukraine. Dans tous les secteurs – des armes et de la défense à la construction, des communications à l’agriculture, des transports à l’informatique, des banques à la médecine. Je pense que la liberté doit toujours gagner. Et je vous invite à travailler avec nous dès maintenant.»
Dans ses commentaires visant clairement à séduire les conservateurs américains, M. Zelensky a également profité de son discours pour condamner à plusieurs reprises «le régime iranien», qu’il a diabolisé en tant qu’«allié terroriste» de la Russie.
Zelensky s’adressait à la réunion d’hiver 2023 de l’Association nationale des Chambres de commerce des Etats à Boca Raton, en Floride.
La Chambre de commerce de l’Indiana a tweeté fièrement: «Notre président Kevin Brinegar est parmi les dirigeants des Chambres présentes à la réunion d’hiver de la National Assocation of State Chambers en Floride pour écouter le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Il a remercié les chefs d’entreprise américains pour leur soutien et pour la promotion de la libre entreprise».
des donateurs «Ukraine Recovery Conference» à Lugano: d'abord faire détruire,
ensuite financer une reconstruction avec l'argent des contribuables.
L’Ukraine et ses sponsors occidentaux prévoient une thérapie de choc néolibérale agressive
En septembre 2022, M. Zelensky a symboliquement sonné la cloche d’ouverture de la Bourse de New York via un flux vidéo.
Le dirigeant ukrainien a déclaré que son pays était «ouvert aux affaires», avec plus de 400 milliards de dollars en «options d’investissement».
Au même moment, Zelensky a publié un éditorial dans le Wall Street Journal appelant les entreprises occidentales à «investir dans l’avenir de l’Ukraine».
Le ministère de l’Economie de Kiev a lancé un programme appelé Advantage Ukraine, qui, selon lui, propose des «partenariats public-privé, des privatisations et des entreprises privées» rentables, avec l’aide d’une «équipe de projet de banquiers d’affaires et de chercheurs soutenue par l’USAID».
Le gouvernement ukrainien a cité des dirigeants d’entreprise de Google, Alphabet et Microsoft, qui ont exhorté davantage d’entreprises occidentales à racheter les actifs du pays.
Geopolitical Economy Report a également rendu compte de la Conférence sur la réforme de l’Ukraine et de la Conférence sur le redressement de l’Ukraine,5 des réunions au cours desquelles des entreprises et des gouvernements occidentaux ont rencontré de hauts responsables ukrainiens pour planifier une thérapie de choc néolibérale agressive – comme celle qui a été imposée à la Fédération de Russie au début des années 1990, qui a entraîné 3,2 millions de décès en surnombre selon l'UNICEF.6
Lors d’une réunion en Suisse en juillet 2022, des représentants des gouvernements occidentaux et ukrainiens ont publié des plans économiques qui demandaient à Kiev de réduire la législation du travail, d’«ouvrir les marchés», de baisser les tarifs douaniers, de déréglementer les industries et de «vendre les entreprises publiques aux investisseurs privés».
Zelensky a profité de l’urgence de la guerre pour faire passer une législation anti-ouvrière sévère, suspendant les droits de négociation collective et rendant illégal pour la plupart des travailleurs de former un syndicat.
L’é conomiste Michael Hudson a comparé les politiques néolibérales extrêmes de Zelensky à celles de l’ancien dictateur chilien d’extrême droite Augusto Pinochet, soutenu par les Etats-Unis.
«BlackRock», conseiller et coordinateur de la «reconstruction» de l'Ukraine
En décembre 2022, Zelensky a tenu une vidéoconférence avec le milliardaire Larry Fink, PDG de BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde.
Dans un communiqué de presse, le gouvernement ukrainien a clairement indiqué que BlackRock supervisait son processus de reconstruction.7
Le bureau de M. Zelensky a déclaré que BlackRock «conseillera le gouvernement ukrainien sur la manière de structurer les fonds de reconstruction du pays», et «coordonnera les efforts de tous les investisseurs et participants potentiels à la reconstruction de notre pays, en orientant les investissements vers les secteurs les plus importants et les plus rentables de l'économie ukrainienne».
Cela signifie que, sous la tutelle de l’Occident, l’Ukraine a essentiellement privatisé et externalisé sa politique économique à BlackRock, l’une des sociétés les plus puissantes du monde.
BlackRock, qui gère plus de 8000 milliards de dollars d’actifs, est le rêve oligopolistique d’un baron voleur. Les «trois grands» gestionnaires d’actifs américains BlackRock, Vanguard et State Street sont les principaux actionnaires de près de 90% des sociétés du S&P 500.8
Le vice-premier ministre et ministre de la Transformation numérique de l’Ukraine, Mykhailo Fedorov, a publié en juillet 2022 une vidéo qui illustre clairement la vision néolibérale de Kiev pour l’avenir.
Le plan économique du gouvernement ukrainien ressemblait à une scène sortie d’un film de science-fiction libertaire, où tout est privatisé et où les entreprises sont libres d’exploiter n’importe qui sans aucune réglementation.
| * Benjamin Norton est un journaliste et un analyste dont le travail porte principalement sur la géopolitique et la politique étrangère des Etats-Unis. Il est basé en Amérique latine et parle anglais et espagnol. Ben Norton est le fondateur et le rédacteur en chef de Geopolitical Economy Report, un site d’information indépendant dédié à la publication de journalisme et d’analyses originaux. Ben a réalisé des reportages dans de nombreux pays, dont le Venezuela, le Nicaragua, la Bolivie, l’Equateur, le Honduras, la Colombie, etc. Vous pouvez contacter Ben Norton ici. |
Source: https://geopoliticaleconomy.com/2023/01/25/ukraines-zelensky-thanks-us-corporations-big-business, 25 janvier 2023
(Traduction «Point de vue Suisse»)
1 https://visitukraine.today/blog/1046/starlink-why-the-internet-from-elon-musk-is-crucial-for-ukraine
2 https://geopoliticaleconomy.com/2022/06/26/cia-special-ops-ukraine-proxy-war-russia/
3 https://geopoliticaleconomy.com/2022/09/09/zelensky-selling-ukraine-wall-street/
5 https://geopoliticaleconomy.com/2022/07/28/west-neoliberal-recovery-conference/
6 https://www.unicef-irc.org/files/documents/d-3066-Key-points-on--A-Decade-o.pdf
8 https://theconversation.com/these-three-firms-own-corporate-america-77072