Assemblée générale des Nations Unies du 3 novembre 2022

Appel quasi unanime de l’ONU à mettre fin au blocus de Cuba

par Brett Wilkins, collaborateur auprès de Common Dreams, Etats-Unis

(6 décembre 2022) Le vote du 3 novembre dernier s'est conclu par 185 voix contre 2. Les deux seuls votes contres ont été ceux des Etats-Unis et d’Israël, l’Ukraine et le Brésil s’étant abstenus.

Les défenseurs de la paix ont déclaré jeudi dernier que le vote quasi unanime des Etats membres des Nations Unies pour demander la fin de l’embargo économique américain contre Cuba souligne la nécessité pour l’administration Biden de lever ce blocus paralysant qui dure depuis 60 ans.

Pour la 30^e année consécutive, les membres de l’Assemblée générale des Nations Unies ont voté en faveur d’une résolution cubaine condamnant l’embargo, décrété pour la première fois sous l’administration du président de l’époque, John F. Kennedy, qui, selon son proche confident et historien Arthur M. Schlesinger Jr,¹ voulait déchaîner «les terreurs de la Terre» sur Cuba après le renversement réussi par Fidel Castro d’une dictature brutale soutenue par les Etats-Unis.«L’administration Biden parle de la nécessité d’un ordre international fondé sur des règles. Le vote d’aujourd’hui à l’ONU montre clairement que la communauté mondiale demande aux Etats-Unis de lever leur embargo brutal sur Cuba», a déclaré Medea Benjamin, cofondatrice de CodePink, dans un communiqué.²

Medea Benjamin a ajouté que le président américain Joe Biden «devrait respecter l’opinion mondiale» et revenir à la «politique de normalisation des relations avec Cuba» de l’ancien président Barack Obama.

Manolo De Los Santos, co-président exécutif du Forum du peuple, s’est demandé:³ «Que serait Cuba aujourd’hui, si le blocus n’entravait pas son développement?»

Le vote s'est soldé par 185 voix contre 2, les Etats-Unis et Israël étaient
les seuls à voter non, l'Ukraine et le Brésil s'étant abstenus. (Photo UN Photo/
Eskinder Debebe)

«Il est impossible de quantifier la douleur générée par les coupures de courant, les longues files d’attente pour acheter des aliments, les obstacles aux projets de vie des familles, en particulier des jeunes», a-t-il ajouté. «Cuba a le droit de vivre!»

S’exprimant devant l’Assemblée générale des Nations Unies le 3 novembre dernier, le ministre cubain des Affaires étrangères, Bruno Rodríguez Parrilla, a fait remarquer⁴ que «plus de 80% de la population cubaine actuelle est née sous le blocus», qu’il a qualifié d’«acte délibéré de guerre économique» s’apparentant à «une pandémie permanente, un ouragan constant».

M. Rodríguez a déclaré que depuis que le président Donald Trump a annulé⁵ la plupart des réformes⁶ mises en œuvre par M. Obama, les Etats-Unis «ont intensifié le siège contre notre pays, le portant à une dimension encore plus cruelle et inhumaine, dans le but d’infliger délibérément les plus grands dommages possibles aux familles cubaines».

S’en prenant à Biden, Rodríguez a ajouté que «l’administration américaine actuelle n’a pas de politique propre à l’égard de Cuba. Elle agit par inertie et poursuit la politique inhumaine de pression maximale instaurée sous la présidence de Donald Trump.»

Rodríguez a déclaré que l’embargo a coûté à Cuba plus de 6,3 milliards de dollars au cours des 14 premiers mois de l’administration Biden, soit plus de 15 millions de dollars par jour. En 2018, une commission des Nations Unies a estimé⁷ que le coût total pour l’économie cubaine de ce blocus de 60 ans était d’au moins 130 milliards de dollars.

CodePink a mené des rassemblements contre l’embargo, avec des manifestations pour #LetCubaLive dans des villes comme New York, Los Angeles, Chicago et Washington D.C. au cours des derniers jours.

CodePink s’apprête à couronner une semaine d’action samedi en se joignant au groupe cubano-américain Puentes de Amor pour envoyer un avion chargé de 8,5 tonnes de nourriture et de médicaments sur l’île assiégée.

«Malheureusement», a déclaré Samantha Wherry, coordinatrice du CodePink pour l’Amérique latine, cet envoi «représente un geste minuscule par rapport aux milliards de dollars de dommages causés par le blocus américain».

Les militants pacifistes ont trois demandes: la fin du blocus américain, la levée de toutes les restrictions économiques et de voyage imposées à Cuba et le retrait de Cuba de la liste américaine des Etats soutenant le terrorisme.

Les administrations américaines successives ont soutenu une campagne de plusieurs décennies de terrorisme en exil⁸ contre Cuba, de tentatives de subversion,⁹ de tentatives d’assassinat ratées,¹⁰ de guerre économique¹¹ et d’opérations secrètes, grandes¹² et petites,¹³ dans une politique infructueuse de changement de régime.