«Décision sur le champ de bataille»?

Willy Wimmer (photo mad)

On se croirait en 1944 – les tonalités venant de Berlin, Bruxelles et Washington réveillent des souvenirs

par Willy Wimmer,* Allemagne

(30 mai 2022) La rhétorique belliciste de Washington, Bruxelles et Berlin s'accommode de l'escalade et nie sa propre responsabilité. Ce faisant, planent la menace d’un appauvrissement de la population et de la fin de l'Europe. La politique fait comme si cela ne la concernait pas.

Les tonalités venant de Berlin, Bruxelles et Washington rappelle des souvenirs. En Allemagne, toute personne qui n'est pas branchée sur le «courant dominant» doit s'attendre à tout moment d’être accusée d'être un extrémiste, voire un nazi, et les déclarations publiques des différents dirigeants ressemblent à celles de 1944 ou 1945.

Des Verts et des commissaires européens de premier plan parlent de «décisions qui devraient être prises sur le champ de bataille». L'appauvrissement évident du peuple allemand à la suite d’une politique de guerre ratée est subordonné à un objectif supérieur, afin que la résistance à cette politique puisse être écrasée le plus rapidement possible.

Le fil rouge de la couverture médiatique encore autorisée est la reconnaissance du fait que la terrible guerre en Ukraine est une conséquence visible d'une guerre larvée qui fait rage depuis longtemps entre les Etats-Unis et la Fédération de Russie.

Sur les chaînes d'information internationales comme Al Jazeera, on peut entendre des spécialistes anglo-saxons dire que les événements en Ukraine doivent être considérés dans un contexte historique en lien avec la politique américaine de sanctions contre l'Empire du Japon avant l'attaque japonaise sur Pearl Harbor.

Mais les politiciens occidentaux ne cherchent guère des solutions pour la guerre contre la Russie. Le 21 avril 2022, la ministre allemande de la Défense a déclaré qu'il fallait empêcher une victoire de la Russie en Ukraine, alors même que Berlin déclare ne pas vouloir être un belligérant et vouloir limiter la guerre à l'Ukraine.

Au rythme où l'Occident se débarrasse de positions autrefois fermes et convaincantes en matière de droit international, nous nous retrouverons plus tôt que nous ne le souhaiterions tous dans une Troisième Guerre mondiale. Et ensuite?

Il semble désormais que l'Occident doive faire oublier les antécédents de cette guerre par le biais du conflit en Ukraine. Sinon, on se demandera peut-être bientôt pourquoi un pays entier a dû être dévasté et pourquoi la famine menace de vastes régions du monde. Quelle a été la contribution de la Russie à cette guerre et quelle est celle des Etats-Unis?

Le président russe Vladimir Poutine a très souvent formulé ouvertement les positions de son pays en Europe et dans le monde, surtout au cours de l'année dernière. Récemment, le président chinois et le président Poutine ont encore voulu que les Etats-Unis confirment le respect de la charte de l'ONU. On ne peut pas faire davantage, car cette charte est déjà la conséquence de la dernière guerre mondiale dévastatrice.

On peut examiner chacune des déclarations du président russe et se demander ensuite si le refus objectif de tout dialogue substantiel et de toute négociation par l'Occident collectif a sciemment pris en compte la guerre.

Ces seules questions montrent clairement que, par tous les moyens, une fois les hostilités en Ukraine terminées, une telle discussion n’aura pas lieu d’être en Occident. C'est pourquoi le mot d'ordre occidental est «vaincre à tout prix».

Avec la dynamique visible de cette évolution, on parle comme tout naturellement de l'utilisation d'armes nucléaires. La fin de l'Europe, c'est la guerre, qu'elle soit conventionnelle ou nucléaire. Les Verts, le FDP et d'autres se distinguent dans ce domaine comme si cela ne les concernait pas.

* Willy Wimmer est juriste et une personnalité politique allemande. De 1976 à 2009, il a été membre du Bundestag. En 1985 et en 1992, il a été porte-parole de la CDU/CSU et par la suite secrétaire d’Etat parlementaire auprès du ministre fédéral de la Défense. De 1994 à 2000, il fut vice-président de l’Assemblée parlementaire de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Willy Wimmer prend régulièrement position de manière indépendante et résolue sur les questions de l’Allemagne et de la politique internationale. Il publie régulièrement des articles et des livres

Source: https://cooptv.wordpress.com/2022/04/21/entscheidung-auf-dem-schlachtfeld-das-klingt-wie-1944-von-willy-wimmer/

(Traduction «Point de vue Suisse»)

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