Les Etats-Unis estiment qu'il n’y a pas d’alternative à une guerre élargie au Moyen-Orient

par «Moon of Alabama»*

(2 février 2024) (Red.) Auch in den USA werden die Leser führender Medien mit ausgesuchten Informationen zur Aussenpolitik in ihrer Meinungsbildung gelenkt. Die investigative Plattform «Moon of Alabama» nimmt sich die Zeit eine aktuelle Analyse des Chefkorrespondenten der «New York Times» im Weissen Haus, Peter Baker, genauer unter die Lupe zu nehmen. Ist es notwendig, im Jemen zu bombardieren oder militärische Stützpunkte in Syrien oder Irak zu unterhalten? Es wird deutlich, dass Baker mit der selektiven Auswahl von Informationen die Politik der US-Regierung als alternativlos erscheinen lässt: «There is no alternative».

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La propagande des médias grand public auprès de leurs lecteurs se fait non seulement par ce qu’ils rapportent mais aussi par les points de vue et sujets qu’ils ne rapportent pas. Un exemple parfait est une récente «analyse» par le «New York Times»1 d’une position de la Maison Blanche sur les troupes américaines au Moyen-Orient. L’auteur est Peter Baker, correspondant en chef du «New York Times» à la Maison Blanche. Le titre [21 janvier]:

Alors que les Etats-Unis et les milices s’affrontent, la Maison Blanche s’inquiète du point de basculement

«Le nombre d’attaques contre les troupes américaines au Moyen-Orient augmente le risque de décès, une ligne rouge qui pourrait aggraver les choses.

Chaque jour un nouveau tir de roquettes et une autre étincelle dont les responsables américains craignent qu’elle ne déclenche un incendie de violence dans tout le Moyen-Orient.

La dernière attaque contre les troupes américaines dans la région au cours du week-end n’a fait aucun mort, mais le président Biden et ses conseillers craignent que ce ne soit qu’une question de temps. Chaque fois qu’un rapport sur une attaque arrive dans la salle de crise de la Maison Blanche, les responsables se demandent si cette attaque ne va pas entraîner des représailles plus décisives et déboucher sur une guerre régionale de plus grande ampleur.»

Baker omet d’analyser l’hypothèse de la Maison Blanche. Il part du principe qu’il n’y a pas d’alternative, TINA [«There Is No Alternative»] comme le disait Maggie Thatcher, Premier ministre britannique décédé. La seule réponse à une attaque meurtrière serait une guerre plus large, sans que l’on sache comment cette guerre serait menée, contre qui ou dans quel but.

Un indice est donné un peu plus loin dans l’article:

«Jeudi, les milices soutenues par l’Iran avaient déjà mené 140 attaques contre les troupes américaines en Irak et en Syrie, et près de 70 membres du personnel américain ont été blessés, certains souffrant dek lésions cérébrales traumatiques. Selon le Pentagone, tous les soldats, à l’exception de quelques-uns, ont pu reprendre leurs fonctions dans les plus brefs délais.

Les forces américaines ont parfois organisé des représailles, mais de manière limitée afin d’éviter de déclencher un véritable conflit.

Les responsables de l’administration Biden ont régulièrement débattu de la stratégie à adopter. Ils ne veulent pas laisser de telles attaques sans réponse, mais d’un autre côté, ils ne veulent pas aller si loin que le conflit dégénère en une véritable guerre, en particulier en frappant directement l’Iran. Ils disent en privé qu’ils n’auront peut-être pas le choix si des troupes américaines sont tuées. C’est une ligne rouge qui n’a pas encore été franchie, mais si les milices soutenues par l’Iran ont un jour un meilleur objectif ou plus de chance, cela pourrait facilement être le cas.»

Il semble que tout ce qui se passe et tous les groupes au Moyen-Orient soient supposés être «soutenus par l’Iran». Mais ni le Hamas, ni le Hezbollah, ni les milices irakiennes, ni les Houthis ne sont «soutenus par l’Iran». Ce sont des alliés de l’Iran et les uns des autres, et non des combattants par procuration. Ils fabriquent leurs propres armes et munitions et prennent des décisions indépendantes.

Ni l’Iran, ni le Hezbollah, ni aucune autre entité que le Hamas ne savaient que l’attaque du 7 octobre contre l’Etat sioniste allait avoir lieu. Leurs réponses, pour autant qu’il y en ait eu, n’ont eu lieu qu’après le retour du Hamas dans la bande de Gaza. Affirmer que tous ceux qui en veulent aux positions américaines au Moyen-Orient sont «soutenus par l’Iran» est une affirmation simpliste qui ne repose sur aucune preuve.

Elle est manifestement faite, tout comme le reste de l’article de Baker, pour préparer le public à une guerre «inévitable» contre l’Iran. Une guerre dans laquelle les Etats-Unis subiront probablement une nouvelle défaite.

Pour étayer sa thèse d’une décision sans alternative, le «New York Times» consulte un «expert»:

«‹Le gouvernement est confronté à un problème pour lequel il n’existe pas de solution sans risque›, déclare Aaron David Miller, négociateur de longue date pour la paix au Moyen-Orient, qui travaille actuellement à la Fondation Carnegie pour la paix internationale. ‹Ils ne veulent pas frapper directement l’Iran directement par crainte d’une escalade, ce qui ne ferait qu’élargir la marge de manœuvre des groupes pro-iraniens, y compris les Houthis, pour frapper les forces américaines. A un moment donné, si des forces américaines sont tuées, elles n’auront pas d’autre choix que de riposter directement contre des installations iraniennes.›»

Il existe naturellement d’autres alternatives et des «solutions sans risque»:

  • En vertu du droit international, les bases militaires américaines en Syrie sont illégales. Aucune résolution du Conseil de sécurité des Nations unies n’a autorisé une intervention militaire en Syrie et le gouvernement syrien n’a pas non plus invité les troupes américaines à s’y rendre.
  • La position américaine en Irak est également illégale. Le parlement irakien a voté contre toutes les bases américaines dans son pays. Le gouvernement irakien a exigé le départ des troupes américaines2 et cherche à négocier pour y parvenir. La soi-disant milice irakienne et ses commandants font d’ailleurs partie intégrante de l’armée irakienne officielle. Toute attaque contre eux est une attaque contre l’Etat irakien.
  • Les Etats-Unis pourraient simplement rappeler leurs troupes de Syrie et d’Irak. Cela mettrait assurément fin à toutes les attaques contre eux.
  • Les Etats-Unis sont intervenus au Yémen en bombardant les troupes du gouvernement Ansar Allah, qui cherchait à bloquer les navires liés à Israël jusqu’à ce que ce dernier lève le siège de Gaza.
  • Les navires liés aux Etats-Unis n’ont été attaqués qu’après que les Etats-Unis ont lancé ce qui s’apparente à une guerre totale contre le Yémen.
  • Les Etats-Unis sont libres de retirer leurs troupes de leurs positions en Syrie et en Irak. Les Etats-Unis peuvent cesser leurs attaques contre le Yémen à tout moment. Cela mettrait immédiatement fin aux attaques yéménites contre les biens américains sans rien changer d’autre. Les Etats-Unis pourraient refuser de soutenir la guerre génocidaire contre Gaza.

Toutes ces mesures mettraient fin à l’action hostile actuelle contre les biens américains.

Mais aucune de ces alternatives n’est jamais mentionnée dans l’article de Baker. Il n’y a pas d’alternatives dans ce texte parce qu’il refuse de les fournir et de les discuter.

Baker termine par une citation de la Maison Blanche:

«‹Nous devons nous prémunir contre la possibilité qu’au lieu de nous diriger vers une désescalade, nous soyons sur la voie d’une escalade que nous devons gérer›, a déclaré la semaine dernière Jake Sullivan, conseiller du président en matière de sécurité nationale, lors d’une intervention au Forum économique mondial de Davos, en Suisse.

‹Cela reste un élément central de notre stratégie›, a-t-il ajouté. ‹Nous essayons de nous assurer que nous gérons l’escalade au Moyen-Orient dans toute la mesure du possible, en prenant toutes les mesures possibles à cet égard, et que nous nous engagions finalement sur la voie de la diplomatie et de la désescalade.›»

Selon Sullivan, il n’y a pas d’autre solution que la tâche simpliste de «gérer l’escalade», ce qui conduira inévitablement à de nouveaux affrontements. Et ce, même si l’alternative la plus évidente est de se retirer et d’abandonner tout engagement militaire dans les pays concernés.

Le TINA, comme le prétendent le «New York Times» et la Maison Blanche, n’existe pas.

Il existe toujours des alternatives à la guerre.

* A propos de Moon Of Alabama

Le but de ce site est de discuter de politique, d'économie, de philosophie et des écrits du blogueur Billmon sur le Whiskey Bar. En 2004, Moon Of Alabama a été ouvert en tant que forum indépendant et ouvert pour les membres de la communauté Whiskey Bar. Bernhard a lancé le site et le gère toujours. Le nom du Whiskey Bar original est tiré de l’«Alabama Song» de Bertolt Brecht, dont la première ligne dit: «Montrez-moi le chemin vers le prochain bar à whisky». Le nom Moon of Alabama est tiré de la première ligne du refrain de cette chanson: «Oh, moon of Alabama ...». Vous pouvez joindre l'administrateur actuel de ce site en envoyant un courriel à Bernhard à MoonofA_at_aol.com (en remplaçant _at_ par @).

Source: https://www.moonofalabama.org/2024/01/us-claims-no-alternative-to-larger-middle-east-war.html#more, 22 janvier 2024

1 https://www.nytimes.com/2024/01/21/us/politics/us-militias-tipping-point.html

2 https://www.moonofalabama.org/2024/01/mainstream-media-lies-about-us-wars-in-iraq-wear-on.html

(Traduction «Point de vue Suisse»)

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