L'Allemagne se prosterne devant des chefs de guerre

Une profonde révérence au ministre qatari de l’Energie. Robert Habeck
(Verts) n'a aucun problème avec un régime qui aide à bombarder d'autres
peuples. (Photo keystone/dpa/Bernd von Jutrczenka)

Le ministre de l'Economie Robert Habeck au Qatar

(14 avril 2022) mb. Le ministre allemand de l'Economie Robert Habeck s'est rendu au Qatar dans le but d'acheter du gaz.

Le parti des Verts, dont Robert Habeck fait partie, rejette par principe le gaz, en particulier le gaz russe, comme source d'énergie. Sa collègue de parti et actuelle ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock s'était déjà résolument prononcée contre la mise en service de Nord Stream 2 avant l'élection du nouveau Bundestag. Ce projet a été mis à l’arrêt en raison des sanctions imposées par l'Allemagne à la Russie: la question est désormais de savoir si le gaz russe de Nord Stream 1 continuera à circuler à l'avenir. En expropriant la filiale allemande de Gazprom, l'Allemagne ne bénéficie plus d’aucune base commerciale pour acheter du gaz à la Russie.

Les Verts ont ainsi atteint leur objectif. Dans leur optique, il est impossible de conclure des affaires avec un pays comme la Russie, où la liberté d'expression est réprimée, où la démocratie est inexistante et où une guerre avec son pays voisin a été entamée.

Il faut donc se procurer du gaz au Qatar.

Mais qu’en est-il de la démocratie et des droits de l’homme dans ce pays? De 2015 à 2017, ce pays choisi comme partenaire commercial par les Verts, a participé au bombardement du Yémen dans le cadre de l’Alliance militaire arabe. A ce jour, on y déplore 300 000 victimes civiles. Selon l'ONU, il s’agit de la plus grande catastrophe humanitaire du monde. De plus, le Qatar a auparavant participé aux attaques contre la Libye et la Syrie, en violation du droit international.

Quel est donc l'argument qui permet de refuser une coopération économique avec la Russie, mais qui tend à une même coopération avec un pays participant à de graves guerres d'agression? Avant les élections fédérales, les Verts ont fait campagne pour une politique étrangère axée sur des valeurs féministes. Qu'en est-il aujourd’hui?

Le Qatar est une dictature sans faille, l'émir est le souverain absolu et son pouvoir est héréditaire. Il n'y a ni partis, ni parlements, ni élections. La charia détermine le droit. Nous savons ce que cela signifie pour les femmes: en cas de viols, elles risquent la prison pour relations sexuelles hors mariage. Sans l'autorisation de leur tuteur masculin, elles ne peuvent ni travailler ni louer un appartement ni se marier. Si elles refusent l'obéissance sexuelle dans le mariage, elles peuvent être répudiées sans couverture financière. Qu'en est-il maintenant de la politique étrangère féministe des Verts?

Et l'homosexualité? Les «comportements homosexuels» sont passibles au mieux de la flagellation ou de la lapidation, au pire de la peine de mort. Rappelez-vous que la Russie, lorsqu’elle s’est opposée à la propagande de l'homosexualité dans les écoles primaires, a été massivement attaquée par les médias occidentaux «bienpensants»!

L'Allemagne n'a donc aucun scrupule à entamer un «partenariat énergétique à long terme» (Habeck) avec un régime qui aide à bombarder d'autres peuples et qui va à l'encontre de tout ce que les Verts prônent. De plus, l'Allemagne exacerbe encore la famine au Yémen en soutenant les sanctions contre la Russie.

Est-ce ainsi que nous devons comprendre la politique étrangère basée sur des valeurs féministes? Ou les Verts poursuivent-ils d’autres objectifs? Qui les a engagés, et pour quelles raisons?

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