La CDU/CSU envoie des signaux «SOS» incessants

Willy Wimmer (photo mad)

par Willy Wimmer,* Allemagne

(27 octobre 2021) Si la CDU/CSU veut redevenir capable d'agir politiquement à l'avenir, toutes les personnalités dirigeantes ayant soutenu le désastre de la politique de Mme Merkel par leur lâcheté, leur irresponsabilité et leur repli sur eux-mêmes doivent être mis sur la touche.

Le 11 octobre 2021, les dirigeants de la CDU ont tenté de mettre rapidement en place une mezzanine dans une maison en démolition avant que le feu dans l’étage supérieur ne se propage jusqu'aux fondations. Cependant, personne ne peut actuellement affirmer que les fameux feux ne s'y sont pas déjà répandus. L'intervention est aussi incompréhensible qu'inévitable. Incompréhensible, car les dirigeants des partis frères sont sérieusement déterminés à détruire le candidat à la chancellerie, Armin Laschet.

Après tout, ce n'est pas lui qui a orchestré le silence des instances dirigeantes à l'égard de l'autocrate tolérée pendant seize ans. Tout cela a abouti au fait que la chancelière/chef de parti n’a pas tenu sa propre Constitution comme critère de toute action gouvernementale dans un pays lointain [la Chine, ndt.], et s'est permis de faire des considérations prétendument fondées sur la «raison d'Etat allemande», alors que dans son propre pays, elle avait et a toujours ignoré la raison d'Etat, dont le but unique et exclusif est celui de protéger l'Allemagne.

Septembre 2015 est et demeure le Mene tekel pour la condamnation de l'Allemagne. L'avenir nous le montrera de façon dramatique, alors que certaines personnes se battent dorénavant contre l’«affreuse société à majorité blanche». Ceux qui voulaient à tout prix apporter de l’aide doivent peu à peu faire face à la réalité. Quiconque perd ou veut perdre de vue la raison d'Etat allemande, consistant à respecter l'Etat de droit démocratique, n'a pas compris son serment professionnel.

Si la CDU veut se rendre politiquement capable d'agir à nouveau à l'avenir, tous les dirigeants qui, par leur lâcheté, leur irresponsabilité et leur repli sur eux-mêmes, ont rendu possible le désastre de la politique de Mme Merkel doivent être mis sur la touche. S'ils avaient consacré à cette question une petite partie du zèle qu'ils déploient actuellement envers Armin Laschet, l'Allemagne et la CDU seraient actuellement dans une meilleure position.

On doit même se demander si cette volonté de destruction déchaînée ne dépasse pas ce que l'on est capable de comprendre dans la vie politique. Ce n'est pas seulement l'homme Laschet qu’on veut effacer des annales de l'Union. On veut exterminer toutes les options politiques associées à son travail, de la possibilité d'une coalition à une politique modérée à l’égard de Moscou et de Pékin. Ici, en Allemagne, il semble que seule une bande de laquais d’une partie tierce [les Etats-Unis, ndt.] a son mot à dire, tandis que d’autres s’efforcent de maintenir le dialogue avec Moscou et Pékin. Ces jours-ci, on commence à comprendre comment, entre Aix-la-Chapelle, Vienne, Prague et bientôt Paris, on met au ban tous ceux qui sont encore capables de s’entretenir avec Moscou.

Les derniers représentants de l'ère Merkel doivent disparaître si l'Union veut retrouver son visage.

Mais ce n'est que la moitié de la bataille. Dernièrement, la Cour constitutionnelle polonaise a clairement exposé les enjeux. L'Europe de l’UE, qui en tant qu'association d'Etats-nations souverains avait pour mission de faire face aux défis de l'avenir, ne doit-elle pas avoir entre les mains l'instrument pour servir cet objectif à «Bruxelles»? Ou le but de l'Europe de l’UE est-il de travailler pour le Moloch antidémocratique, afin de continuer à gonfler cette tête hypertrophiée et de laisser s'installer en Europe des conditions washingtoniennes?

Chaque nouvelle décision concernant les membres de la CDU sera jugée selon que l'on suit les postulats de De Gaulle, de De Gasperi et d'Adenauer (et actuellement de la Cour constitutionnelle polonaise) ou ceux de M. Gates ou de M. Soros.

Pour la CDU, il ne suffit pas d'envoyer une génération politique dans le désert qu’elle mérite. Il faut comprendre comment les nouveaux acteurs pensent avant d’être forcés d'observer, impuissants, l'Union devenir un avant-poste des réseaux transatlantiques, car la défaite électorale organisée d'Armin Laschet était tout sauf une coïncidence, et permet de catapulter l'Union sur le «Blocksberg», comme cela était prévu déjà en 1992, lorsque la CDU était censée suivre le chemin de nos amis italiens.

Il reste à voir si sa charte fondatrice sera le critère d'actions futures pour la reconstruction de la CDU/CSU ou si des cabinets de consultants seront aux commandes. Ce n'est que lorsque le citoyen reprendra le contrôle de l'Union et, à travers l'Union, de l'Etat, que l'Union aura un avenir.

Source: https://apolut.net/cdu-csu-morsen-unaufhoerlich-sos-von-willy-wimmer-2/, 12 octobre 2021

(Traduction «Point de vue Suisse»)

* Willy Wimmer est juriste et une personnalité politique allemande. De 1976 à 2009, il a été membre du Bundestag. En 1985 et en 1992, il a été porte-parole de la CDU/CSU et par la suite secrétaire d’Etat parlementaire auprès du ministre fédéral de la Défense. De 1994 à 2000, il fut vice-président de l’Assemblée parlementaire de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Willy Wimmer prend régulièrement position de manière indépendante et résolue sur les questions de l’Allemagne et de la politique internationale. Il publie régulièrement des articles et des livres

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